Y a du monde au portillon - François Duprat

Jean-Paul-François (dit J.P.F) a plusieurs personnes dans sa tête, trois personnalités qui passent leur temps à se disputer. Il y a Jean le fonceur, Paul le fêtard et François le casanier. Mais pour l'entreprise pour laquelle il travaille ce petit monde n'a aucune importance. Il n'est qu'un numéro classant inlassablement des papiers de la façon la plus monotone qui soit.

Juste derrière lui, dans le même bureau, il y a Robert. Beau gosse, sûr de lui, égocentrique, c'est un peu le seul ami de J.P.F. mais également tout son contraire.

Lassé de cette vie guère exaltante, Jean-Paul-François décide un jour, sur un coup de tête, de bouleverser l'ordre établi en faisant intentionnellement une erreur de classement. La conséquence est inattendue: son patron décide d'incorporer une nouvelle personne à leur bureau, une charmante demoiselle loin de laisser J.P.F indifférent.

C'est dans ce monde du travail qui se veut stricte et étouffant que nous suivons plusieurs personnes et leurs interactions. Même si l'histoire débute par la présentation de J.P.F. et son action "terroriste", on se rend vite compte que nous suivrons également Martine, la jolie stagiaire apportée en renfort. C'est donc une satyre du monde de l'entreprise ainsi qu'une chronique sur les rapports humains et la séduction que nous propose ici François Duprat. Et même un peu plus que cela.

"Y a du monde au portillon". Le titre peut sembler un peu troublant au final, mais comme certains personnages, il possède en réalité plusieurs sens. La pluri-personnalité de J.P.F., le nombre de prétendants qui se battent pour séduire la mignonne secrétaire, le nombre de possibilités et de choix que l'on doit effectuer dans une vie et qui seront déterminants. Le personnage du DRH partant à la retraite résume assez bien ces choses avant de connaitre une fin malheureusement tragique.

Côté dessins François Duprat (Il fera beau demain, L'année du dragon…) est fidèle à ses habitudes et offre un travail agréable et des personnages attachants.

Cet album possède une petite histoire, sa conception s'étant étalée sur plusieurs années, plusieurs versions et des changements d'intervenants. François nous raconte d'ailleurs le cheminement de ce projet sur le blog de la Malterie. Vous comprendrez ainsi mieux pourquoi Aris est crédité sur la couverture de cet album pour lequel il n'a au final effectué "que" la colorisation.


Si vous avez pour habitude de vous questionner sur votre vie et vos ambitions certains passages de ce récit vous sembleront certainement familiers. Duprat nous offre une vision volontairement décalée de ces sujets trop souvent traités de manière grave et amère. Un regard frais sans pour autant être niais. Un album agréable, distrayant et même un peu introspectif.



Scénario & Dessins : François Duprat - Editeur : Carabas - Récit complet.


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