American vampire : Sang neuf - Snyder / King / Albuquerque

Et on continue à surfer sur la vague des vampires ! Sauf que là, on retrouve ce bon vieux Stephen King, et qu’il a des idées bien arrêtées sur le genre. Comme il le précise dans son introduction, sobrement intitulée « Tais-toi et suce » : « Voici quelques exemples de ce qu’un vampire ne devrait jamais être : un détective pâlichon qui boit des bloody mary et ne travaille que la nuit, un giton mélancolique de la Nouvelle-Orléans, une adolescente anorexique, un éphèbe diaphane aux yeux de biche. Alors que devrait-il être ? Un tueur, ma poule. »

Le tueur ici s’appelle Skinner Sweet. Bandit de grand chemin sans scrupules, il bouffe à tous les râteliers. Attaques de convois, de banques, assassinats, rien ne l’arrête. 

Malheureusement pour lui, il va s’attaquer à une banque dirigée par un homme un peu particulier : Mr Percy, immigré d’Europe de l’Est et l’un des plus hauts dignitaires de la lignée vampire. Il suffira d’une petite erreur de ce dernier, une simple goutte de sang qui tombe dans l’œil déjà torve d’un Sweet agonisant pour que naisse une nouvelle espèce, l’american vampire.

Quarante-cinq ans après, Skinner Sweet glande à Los Angeles, mal sapé et un peu cradingue. Il croise la route d’une jeune aspirante actrice, Pearl Jones, qui doit aller à une grande réception chez un des producteurs les plus en vue d’Hollywood. Sweet lui conseille de ne pas s’y rendre, lui affirmant qu’elle risque gros. Si Pearl l’avait écouté elle ne se serait pas retrouvée transformée en garde-manger pour la haute société vampirique. Mais, on ne sait pourquoi, Sweet la choisit pour devenir son égale. La lignée commence…

Si Stephen King participe aux premiers épisodes d’American Vampire, le projet est l’œuvre de Scott Snyder. Contacté au départ pour un slogan de promotion, le King veut en être, laisser sa marque « comme un voleur de bétail sur le cul d’une bête de concours ». Et on peut dire que l’association fonctionne à merveille, avec ces deux scénarios parallèles, présent dans les années 20 et origines en 1880. Il y a, au-delà de l’efficacité de l’intrigue, une vraie qualité d’écriture, avec en particulier des dialogues savamment pensés et une profondeur psychologique des personnages.

Le travail de Rafael Albuquerque est franchement épatant, donnant grâce à deux techniques différentes une vraie identité à chacune des époques. Les scènes des années 20 possèdent le charme un peu artificiel de l’âge d’or hollywoodien, mais Albuquerque réussit à les moderniser dès qu’il le faut, usant notamment de contre-plongées et de couleurs beaucoup plus marquées pour l’entrée en scène de la noblesse vampire. La très belle réussite restera le personnage de Skinner Sweet, très bien campé, énigmatique, sourire narquois, amoralité qui se ressent jusque dans ses postures.

Stephen King, pour sa première véritable incursion dans le comic, ne s’est pas trompé en prêtant sa plume au scénario de Scott Snyder : tout dans ce premier relié donne envie de dévorer la suite. Les personnages passionnants et finement dépeints, cette révolution génétique, la révolution industrielle pour toile de fond,… On croit ressentir l’influence d’un James Ellroy. Un excellent remède aux niaiseries adulescentes !


Scénario : Scott Snyder / Stephen King - Dessins : Rafael Albuquerque - Editeur : Panini Comics - Collection 100% Vertigo - Série en cours - 1 tome. 



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