La plaine du Kantô tome 2 - Kazuo Kamimura

J’avais été fasciné par le premier volume de La plaine du Kanto, sa saveur si particulière dans l’évocation de l’enfance, la découverte du corps, du monde des adultes et de sa rudesse. J’attendais donc fébrilement la sortie du tome 2, dont j’avais préparé la lecture en pensée. 

Comme le conseille Italo Calvino dans le premier chapitre de Si par une nuit d’hiver un voyageur, il faut, avant de débuter la lecture d’une œuvre, se mettre dans les conditions optimales pour pouvoir l’apprécier ; ces conditions appartiennent à chacun, dans mon cas ce fut au petit matin, dans ma cuisine, avec un café et une clope.

Le premier tome avait laissé Kinta presque au sortir de l’enfance, une partie de sa naïveté s’étant déjà envolée, mais enfant tout de même. Au début de ce nouvel opus, son grand-père n’en finit plus de décliner, sa mort semble inéluctable. De ces morts qui vous vieillissent de dix ans et plus, qui tournent à jamais une page de votre existence. Son grand-père parti, Kinta se place sous la tutelle d’un vieil ami, croisé au début de l’histoire, le peintre Yanagawa Ôgumo. Direction Tokyo, adieu l’enfance, le village aux camelias et… Ginko.

Nous assistons donc à une nouvelle étape de ce grand roman d’apprentissage qu’est La plaine du Kantô, celle de l’adolescence, de la découverte de la ville et de son gigantisme, de sa folie. Cet âge oriente forcément le récit, axant l’essentiel des situations et des préoccupations sur le plan socio-affectif et sexuel. Encore une fois, Kazuo Kamimura subjugue par sa finesse, cette capacité à rendre compte des sentiments les plus complexes sans jamais tomber dans le pathos.

Mais ce récit n’est pas seulement celui de Kinta ; il est, tout comme L’éducation sentimentale est aussi le récit de la fin de la Monarchie de juillet, celui d’un Japon en reconstruction, en constante oscillation entre modernisme et tradition. On avait dans le premier tome la découverte du chewing-gum, on a dans celui-ci la venue de Marylin Monroe au Japon, retranscrite ici dans une planche de toute beauté.

Ce deuxième tome de La plaine du Kantô, comme le précédent, est un pur chef d’œuvre. Il confirme la grande qualité littéraire de Kazuo Kamimura, qui dresse à travers le récit initiatique du jeune Kinta l’histoire du Japon d’après-guerre. Le dessin, d’une élégance rare, sublime l’ensemble. Une certitude : l’attente jusqu’au 1er juillet sera longue…



Scénario & Dessins : Kazuo Kamimura - Editeur : Kana - Collection Sensei
Série en cours - 2 tomes.
© by KAMIMURA Kazuo / Koike Shoin



Vous avez aimé cette chronique ? Pensez à vous inscrire à la newsletter et/ou au flux RSS pour être informé des prochaines publications.