Fugazi Music Club

L’histoire du rock et ses mythes est indissociable des salles de concerts : on se souvient de l’Hacienda des New Order à Manchester ou du CBGB du New-York underground. A Varsovie ce sera le Fugazi Music Club au début des 90’s, même si peu de monde s’en souvient. Marcin Podolec fait revivre son histoire et ses membres fondateurs dans cette BD publiée par Gallimard.

On est en 1990, la Pologne se libère doucement de Jaruzelski et Solidarnosc prend de l’importance. C’est dans ce contexte si particulier que Waldemar Czapski va ouvrir son premier local à Varsovie, le Fugazi Café. Au départ il ne s’agit que d’un modeste projet de lieu où se retrouver, donner des cours de dessin et jouer au ping-pong. Puis viennent les premiers concerts et un improbable rassemblement de fans des Doors.

La petite équipe doit rapidement vider les lieux et se retourne vers un cinéma en faillite, le W-Z. Là le projet prend de l’ampleur et s’enrichit d’une décoration maison et déjantée. Le succès est immédiat et les organisateurs enchaîneront jusqu’à 21 jours de concerts non-stop. Une aventure humaine hors-normes qui ne durera guère.

Marcin Podolec se fend d’une préface sur la genèse du projet : « L’idée d’une bande dessinée liée à la musique me trottait dans la tête depuis des mois […]. Elle a sommeillé jusqu’à ce soir d’hiver où mon éditeur m’a appelé pour me demander si je savais qui était Waldemar Czapski. J’ignorais tout de lui. » C’est cette rencontre avec Waldemar qui sera déterminante. Là où les autres musiciens rencontrés se cachaient derrière leur agent, Waldemar vient seul, est intarissable et fascine le jeune auteur. 

Toute l’histoire du Fugazi est retranscrite, de l’avènement à la chute. Les acteurs sont tous mis en avant dans un récit qui ne peut échapper à une douce mélancolie. On retrouve dans cette ambiance ce qui plaisait tant dans les Monsieur Jean de Dupuy et Berberian : un crayonné léger, des fonds bleus et des sentiments simples. Une grande histoire à hauteur d’homme.

On sent bien que Marcin Podolec est tombé amoureux de l’histoire de ce club à la fois mythique et bancal. Son nom était prédestiné : « Fucked Up, Got Ambushed, Zipped In ». Son récit est à l’image du sujet : un peu fouillis, parfois maladroit, mais incroyablement attachant et sincère. Il est aussi un beau témoignage d’une jeunesse libérée, devant les possibles qui s’offre à elle.




Scénario & Dessins : Marcin Podolec - Editeur : Gallimard - One Shot.



Vous avez aimé cette chronique ? Pensez à vous inscrire à la newsletter et/ou au flux RSS pour être informé des prochaines publications.