DoggyBags - RUN / Maudoux / Singelin

DoggyBags est la nouvelle série du Label 619 d'Ankama. Trois histoires complètes, par trois auteurs différents, rendant un hommage au cinéma de genre et aux comics des années 50. Avec leur bande annonce digne d'une bonne série B, RUN, Florent Maudoux et Singelin débarquent avec la volonté affichée de nous en mettre plein la vue.

La couverture au rendu vieilli qui rappelle "It came from the Moon", le tome 0 de Mutafukaz, promet du suspense, du frisson, de l'horreur et surtout aucune concession.

L'album débute avec "Fresh Flesh & Hot Chrome". Le concept de Singelin avec ces motards loup-garous est appétissant, l'ambiance est bonne, ça bouge dans tous les sens et le style graphique est convainquant. Mais son cheminement et sa fin laissent une impression de gentille introduction (au final limite poétique) et les bikers finissent presque par nous paraitre sympathiques.

Il en est de même pour "Masiko" de Florent Maudoux. Le récit du papa de Freak's Squeele est sans contexte le plus agréable de ce DoggyBags, ne serait-ce que pour son dessin et ses cadrages si beaux et bien pensés. Mais c'est également ce qui atténue le côté glauque du récit : le trait de Maudoux est trop lisse pour être vraiment effrayant et Masiko (qui n'est autre que la mère de Petit Panda de Freak's Squeele) a beau trancher les têtes et les jambes son aventure n'effraie jamais vraiment.

S'ils ne tiennent pas toutes les promesses énoncées en couverture, ces deux récits sont agréables et bénéficient tous deux d'une colorisation originale et moderne. En bref, ça a de la gueule et je me réjouis que cela ne soit pas si gore que cela au final, étant d'une nature plutôt sensible.

Reste "Mort ou vif" le récit de RUN qui est le seul à remplir à 100% le concept du magazine "trash, gore, dérangeant" (peut-être parce que l'auteur de Mutafukaz est à l'origine de ce projet ?). Si son histoire n'est pas follement originale, son traitement rempli son objectif en nous proposant quelque chose de bien glauque et un twist final pour le moins bourrin. En revanche le trait très particulier du dessinateur pourra ne pas correspondre à tous, il faut avouer que s'il possède beaucoup de personnalité et n'est pas ce qui se fait de plus accessible.

On ne peut pas parler d'une production Ankama sous le label 619 sans parler de l'aspect éditorial (je vais encore me faire traiter de fanatique), mais effectivement ce nouveau projet en jette sérieusement. On ressent tout le coeur qui a été mis dans cet ouvrage et les détails qui le parsèment sont la preuve que tout a été finement pensé. Fausses pub, introduction des auteurs, couverture pour chaque histoire comme si elles sortaient de fascicules indépendants, couverture vieillie, rabats, format : en tant qu'objet, DoggyBags est un petit bijou et ses auteurs ont dû prendre un sacré plaisir lors de sa réalisation (tout comme lors de son incroyable bande annonce, une première dans l'histoire du neuvième art).

On ressort de cette lecture avec l'impression d'avoir découvert quelque chose de plutôt original et surtout un concept qui peut se révéler extrêmement prometteur. Répondant parfaitement à l'esprit du Label 619, DoggyBags parvient à accomplir son objectif premier : un bel hommage au cinéma et comics de genre que ne renieraient pas les Tarantino ou autres Rodriguez.


DoggyBags recherche des auteurs pour figurer dans ses prochains numéros. Vous pouvez envoyer vos projets (35 pages max) directement à run@ankama.com. Si vous êtes dans l'esprit de la série et possédez un bon coup de crayon, voici une occasion en or de vous faire publier, alors n'hésitez pas !



Scénario & Dessins : Collectif - Editeur : Ankama - Label 619.


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