Ikigami tome 8 - un tome un peu moins convainquant ?

Il faut dire que je l'attendais impatiemment ce huitième Ikigami. La France ayant rattrapé le rythme de parution japonais, nous sommes restés neuf mois à patienter et cela ne devrait pas s'arranger…

Je crois que ce volume a été victime de cette attente. C'est un symptôme que je connais bien, que ce soit en lecture, au ciné ou pour les séries TV, à tel point que je fais maintenant tout mon possible pour en savoir le moins possible sur une œuvre, préférant la découvrir à sa sortie avec un œil neuf. L'attente rend moins indulgent et la qualité des précédents tomes ajoute encore au challenge. Mais je ne me leurre pas, ce n'est pas parce que ce tome m'aura moins enthousiasmée que les prochains ne me combleront pas.

Alors, pourquoi cette (semi) déception ? Elle vient en réalité de plusieurs aspects de l’œuvre. Dans un premier temps, j'ai eu beaucoup de mal à éprouver une réelle empathie envers les deux condamnés qu'on nous présente ici. Le premier simplement par une réaction finale que je n'ai absolument pas comprise (trop extrême surement…) et le second à cause d'un déroulement que j'ai trouvé irréaliste. De ce fait, difficile de se plonger vraiment dans l'histoire et d'éprouver de la peine ou de la sympathie pour ces deux cas.

Ensuite, j'ai également eu beaucoup de mal à comprendre le nouveau comportement de notre livreur d'Ikigami : se sentant surveillé (et donc quand même à deux doigts de risquer une condamnation à mort en cas d'erreur) le fonctionnaire en vient à admettre que son sort l'importe plus que celui des condamnés, au point de devenir quasiment insensible. Cela ressort évidemment d'une manipulation de la part de sa hiérarchie, mais venant d'un personnage qui remettait quand même beaucoup en cause le système, je trouve le changement assez radical.

Il y a quand même de bonnes choses distillées ici ou là : la morale dans un premier temps, qui est toujours très honorable et sincère. Les messages transmis sont dans la lignée des précédentes histoires et ces réflexions sont une des grandes force du titre.

Puis il y a cette phrase de la supérieure de Fujimoto : "Chez quelqu'un qui a perdu son fiancé, il y a quelque chose qui échappe à toute influence, même celle du pouvoir". Volontairement (ou non ?) cette remarque remet directement en cause la loi pour la prospérité nationale. Car au final, si les proches des condamnés échappent même à l'influence du pouvoir, la mort de ces derniers devient alors inutile et provoque même le sentiment inverse de ce qu'elle est censée inculquer. Ce sera la seule réflexion de remise en question pour Fujimoto dans ce huitième volume, mais elle apporte un premier (involontaire) aveu d'échec de la bouche même d'une personne faisant appliquer la loi.

Ce huitième tome d'Ikigami n'est donc qu'une semi-déception. Malgré une sensation d'empathie amoindrie envers ces personnages, la réflexion avance tout de même et l'on ressent sans peine que Motorô Mase a décidément sacrément bien pensé son sujet. 

> chronique des autres tomes.


Scénario & Dessins : Motorô Mase - Editeur : Kazé Manga - Série en cours - 8 tomes.
IKIGAMI © Motoro Mase / Shogakukan Inc.


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