Metronom’ tome 2 - Corbeyran / Grun

Sorti en mars 2010, le premier tome de Metronom’, intitulé « Tolérance zéro », mettait en place un univers quasi-carcéral, désenchanté, et inaugurait une intrigue aux multiples enjeux et protagonistes. Lynn, sans nouvelles de son mari parti en mission spatiale, trouvera de l’aide auprès de Floréal, journaliste idéaliste décidé à dénoncer les agissements du pouvoir. Cette quête familiale nous laissait entrevoir des perspectives évidemment bien plus graves et tentaculaires.

D’emblée nous voici replongés dans cette atmosphère étouffante avec la détention de Floréal, soupçonné d’être l’auteur de ce fameux conte transgressif intitulé Metronom’. Isolement, torture psychologique, bref, que du bon ! Bénéficiant d’un soutien inattendu, il se voit offrir une libération conditionnelle, qu’il mettra de suite à profit pour reprendre contact avec Lynn et poursuivre son enquête. Son bienfaiteur leur en donnera les moyens, sans oublier d’y ajouter ses conditions : direction la station orbitale « Fish eye »…

Si l’on était intrigué à la fin du premier, la lecture de ce deuxième tome nous tient nettement plus en haleine, en jouant notamment la carte de l’action et d’un rythme grandissant au fil des pages. L’intrigue se resserre autour du mystérieux « mal » qui semble toucher le mari de Lynn et impose quarantaine et secret-défense. Et, paradoxalement, ce qui était censé être le cœur de l’œuvre au départ, à savoir le mystérieux ouvrage déposé à l’intention du Président, se dégonfle quelque peu. Ce qui n’est pas pour me déplaire, n’ayant que très peu goûté aux passages du livre en question reproduits dans le premier tome. J’avais trouvé le procédé un peu laborieux, tant au niveau du texte que du dessin.

Graphiquement, Grun tient la barre et excelle toujours autant dans la transcription d’une ville qui emprunte de plus en plus au baroque stalinien. L’air semble toujours aussi vicié (finalement pas autant que les instances dirigeantes), ce que la colorisation rend palpable. Les traits de ses personnages ont également, me semble-t-il, gagné en souplesse ; les postures sont plus naturelles et nettement plus expressives.

« Station Orbitale » vient donc confirmer que Metronom’ porte en elle le potentiel d’une grande série d’anticipation. En recentrant l’intrigue, Corbeyran a trouvé une véritable cohérence dans son scénario. Car, finalement, je crois que c’est en se pliant aux codes qu’une œuvre d’anticipation émerge. Pour preuve, « Universal War One » de Denis Bajram, qui sur une trame très classique s’impose comme un sommet du genre. Arrivé à mi-course de la tetralogie, Corbeyran et Grun sont sans aucun doute sur la bonne voie.



Scénario : Eric Corbeyran - Dessins : Grun
Editeur : Glénat - Collection Grafica - Série en cours - 2 tomes.



Vous avez aimé cette chronique ? Pensez à vous inscrire à la newsletter et/ou au flux RSS pour être informé des prochaines publications.