Tank Girl : The Odyssey - Milligan / Hewlett

Ankama poursuit la publication des aventures de Tank Girl, héroïne punk créée par Jamie Hewlett (designer de Gorillaz) et Alan Martin, avec « The Odyssey », relecture déjantée de l’épopée homérique imaginée par Peter Milligan

Pour ceux qui ne connaitraient pas Tank Girl, laissons-la se présenter herself : « Qu’est-ce qui est chauve, pue, shoote des kangourous, porte des chaussures pas à sa taille […], picole, fume, cogne trop, et a une sacrée foutue gueule de bois en ce moment même ? » Le sergent Titbit, son ancien mentor, ajoutera même « le genre de personne à laisser des poils pubiens sur votre déodorant ».

Le récit démarre avec une Tank Girl obèse prise au piège de chanteurs de calypso dans Eccles street à Dublin (hommage à l’Ulysse de James Joyce), tandis que son compagnon Booga, resté dans la demeure conjugale, s’apprête à céder aux avances de prétendants malintentionnés (en l’occurrence ici des producteurs hollywoodiens…). Leur « fils » Télé (en réalité une télévision fichée sur un corps humain) réussit à prévenir sa mère du danger imminent. Tank Girl décide alors, après avoir reformé son équipe, de rentrer dans l’outback australien sauver son homme (enfin son kangourou… oui Booga est un kangourou).

Peter Milligan s’est amusé ainsi à détourner de nombreuses références de l’Odyssée : les Sirènes sont personnifiées par un groupe de rock gothique, les cyclopes sont hôteliers et se paient avec les yeux de leurs clients, le monstrueux peuple des Lestrygons habite désormais Beverly Hills, Eole devient un scientifique expert en flatu-thérapie,… Derrière ces clins d’œil, la structure épique de l’Odyssée est conservée et donne une réelle cohérence à l’histoire, dans une série plutôt habituée au récit court.

Le trait si particulier de Jamie Hewlett est toujours aussi affûté, alternant des dessins réalistes et d’autres plus nerveux, instinctifs : l’harmonie dans le désordre. Le passage à la couleur passe plutôt bien, même si l’on y préfèrera le noir et blanc des débuts, plus proche de l’esprit fanzine qui sied à merveille à la série.

Car au final c’est ce qu’on aime dans Tank Girl : cette impression de lire un comic confidentiel, écrit par des potes un soir de défonce et imprimé sur la photocopieuse du lycée. C’est cet esprit libertaire qui souffle sur la série: aucune limite, un humour trash omniprésent et un imaginaire d’ados attardés qui nous offre une bouffée d’air pur dans le marasme ambiant.



Scénario : Peter Milligan - Dessins : Jamie Hewlett - Editeur : Ankama - Label 619


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