Kongoh Bancho : un shônen violent et drôle

Voici venu avec les beaux jours un bon petit shônen qui, entre kitsch et nostalgie, nous ramène aux plaisirs du second degré et de la baston irréelle. Un vrai rafraîchissement printanier !

Dans un présent finalement très proche de la réalité, la société japonaise périclite, entre malaise social, perte de repères et jeunesse dégénérée. Enfin, c’est uniquement l’avis d’une intelligentsia bien décidée à rétablir l’ordre des choses… Car à bien y regarder, il semble plutôt faire bon vivre dans ce Japon en phase avec son temps : les jupes raccourcissent, les cerisiers sont en fleurs et la jeunesse insouciante.

Pour lutter contre cette libération des mœurs, le gouvernement japonais décide de lancer une opération secrète baptisée « le projet des 23 arrondissements ». En clair, des banchos (sortes de chefs de bande), après avoir pris chacun le contrôle d’un arrondissement, devront s’affronter. Celui qui sortira vainqueur de ces guerres rangées contrôlera donc Tokyo et se verra offrir la direction du nouveau gouvernement du Japon. Mais un homme –enfin, plus précisément un lycéen- s’oppose à ce projet délirant et est fin prêt à en découdre. Son nom : Kongoh. Ses atouts : mesure approximativement 2m50 et possède une force herculéenne.

Le pitch le laisse présager : ce shônen est complètement loufoque ! La menace, ridicule en soi (mon Dieu ! les filles vont devoir se réhabituer au kimono, bien plus harmonieux que les jupettes !), se donne des airs apocalyptiques et ouvre la voie à l’héroïsme naïf d’une sorte de Kazuya Mishima (Tekken) surdimensionné et légèrement benêt. Mais ici, tout est complètement assumé, et c’est ce qui donne cette saveur si particulière au titre.

Kongoh Bancho est un condensé de nombre d’animes de notre jeunesse, mélange de Collège fou fou fou et de Ken le survivant. Le dessin présente ce même mélange bienvenu, à la fois précis et déjanté. Soutenu par une très bonne édition, couvertures lookées, noirs très profonds, la série démarre sous les meilleurs auspices.

Nakaba Suzuki nous offre un bon vieux manga, violent et drôle, qui ravira sans aucun doute ceux qui joueront le jeu du kitsch et du second degré. On se laisse vite gagner par le peps du récit et de son dessin. On sent derrière ce grand délire une révolte adolescente contre l’ordre établi et les apôtres de la bonne morale, comme un besoin régressif, comme un antidote à la morosité. A tester sans attendre !



Scénario & Dessins : Nakaba SUZUKI
Editeur : Kana - Série en cours - 2 tomes.
KONGOH BANCHO © 2008 Nakaba SUZUKI / Shogakukan Inc.


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