Drakka - Brrémaud / de Felici
Dans un New-York fantasmé, peuplé par endroits d’étranges créatures, un vieux mafieux se meurt. Arrogant jusqu’au dernier souffle, il fait venir son fils, crétin violent baptisé « la Hyène ». Il se réjouit du décès imminent de son pater, bien décidé à prendre la relève de l’organisation criminelle, probablement sans savoir que pour la truande aussi il faut une once d’intelligence. Son père lui révèle alors qu’il a un demi-frère, tout aussi légitime que lui à sa succession. Comme dans un bon vieux scénar hollywoodien, il ne pourra y en avoir qu’un…
Seul petit souci pour la Hyène : la mère de son frangin était une goule particulièrement hargneuse. Nul doute que son fils en aura hérité quelques caractéristiques intéressantes en matière de survie, de combativité et d’aptitudes guerrières. La Hyène se décide alors à partir pour Balach, en Europe de l’Est, histoire d’en finir rapidement avec cet héritier gênant. La lutte risque d’être âpre.
Signée par un scénariste aguerri, l’histoire démarre plutôt pas mal, sans chichi. En trois planches, tout est posé : le futur proche ou réalité parallèle, les protagonistes, le cœur de l’intrigue. L’introduction réussie, Brrémaud peine par contre à maintenir l’intérêt tout au long des 70 pages. Car le gros de ce premier tome est le récit d’un combat, ce qui n’est pas inintéressant en soi, encore faut-il parvenir à le développer sur autant de pages. Pour parler franchement, emballé par le début, mon attention a ensuite décliné au fur et à mesure de l’album, pour finir sur un « mouais ».
Le dessin de Lorenzo de Felici me semble suivre la même trajectoire. On adhère de suite à sa virtuosité, évidente, et aux expressions assez cartoonesques de ses personnages. Puis on se lasse petit à petit, la faute en partie à une colorisation que j’ai trouvée trop lisse, et à une ambiance manquant de mordant. Cette ville d’Europe de l’est, censée en être à un stade post-apocalyptique, semble finalement assez accueillante ; en bref, on n’y croit pas des masses.
Le sang du vioque, premier tome de Drakka, me laisse au final une impression mitigée. Ça démarre très bien, le cadre promet beaucoup, et rapidement on a le sentiment d’être en face d’un titre calculé comme un bon blockbuster. Un peu de terreur mais pas trop terrifiante, des monstres oscillant entre monstruosité et peluche ; il est évident que les deux auteurs peuvent nous offrir un second tome beaucoup plus intéressant, à condition de prendre un peu plus de risques.
Scénario : Frédéric Brrémaud - Dessins : Lorenzo de Felici - Editeur : Ankama - Collection Kraken - Série en cours - 1 tome.