La plaine du Kantô tome 3
Ça devait arriver un jour, c’était inéluctable. Après presque un an de chroniques sur B&O, où l’inoubliable a côtoyé le justement oublié, j’ai toujours réussi à trouver les mots. Avec plus ou moins de réussite, je le concède volontiers, mais toujours quelque chose à dire, à partager.
Aujourd’hui, comme un adolescent à l’heure de ses premiers émois, je reste désespérément muet. Comment parler de la Plaine du Kantô sans travestir l’œuvre ? Qu’en dire qui ne soit pas une vulgaire paraphrase de ce que Kamimura esquisse avec tant de finesse ?
« Images flottantes de la jeunesse »… tout est dit, le trouble du souvenir, l’universalité des sensations et des sentiments. Cette jeunesse, c’eut bien pu être la nôtre.
Quand Kinta prend la route vers le village aux camélias de son enfance afin d’exécuter les dernières volontés de Yanagawa Ôgumo, nul n’est besoin de mots. On comprend la douleur, son fardeau, et on le partage volontiers avec lui. Retour en arrière initiatique, derniers instants de l’enfance.
La beauté du texte est que cette nostalgie n’est jamais larmoyante, elle fait juste partie de la vie. Une saudade japonaise.
Dans la postface de ce troisième et dernier tome, Kazuo Kamimura écrit : « La plaine du Kantô où j’ai été évacué à la fin de la guerre n’est pas si éloignée de Tokyo et on peut s’y rendre en une heure. Pourtant, je n’y suis jamais retourné en vingt ans depuis que j’habite Tokyo. Pourquoi ? Parce que je crains d’être accablé de tristesse si je devais revoir les épis de riz vibrer dans le soleil couchant. »
Kazuo Kamimura est mort à 45 ans. Ce n’est pas ce qu’il a fait de mieux.
Scénario & Dessins : Kazuo Kamimura - Editeur : Kana - Collection Sensei
Série en cours - 3 tomes.
© by KAMIMURA Kazuo / Koike Shoin
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