des Dieux et des hommes - Une petite ville en Amérique

Ce troisième tome des Dieux et des hommes, série concept de Jean-Pierre Dionnet, s’est fait quelque peu attendre. Après deux premiers tomes aux accents futuristes et new age, on entre avec Une petite ville en Amérique dans la seconde guerre mondiale. Des temps sombres choisis sur mesure pour Danijel Zezelj et ses tableaux où la noirceur domine.

On est en 1943. Un centre de rétention héberge des prisonniers japonais. Ils ont fait leur vie ici, tant bien que mal, aménageant même un jardin zen. Un cimetière aussi, parce qu’il faut bien un jour ou l’autre. C’est dans ce cimetière qu’un homme va recevoir la visite de son fils, Soleil levant, un des 66 premiers dieux.

Paradoxalement, le père va lui demander d’aider les Etats-Unis en se rendant en Allemagne. On dit qu’un des premiers s’est engagé aux côtés de l’armée nazie et qu’il commet les pires atrocités. Soleil Levant, à contre cœur, s’envole pour Kindergarten afin d’en savoir un peu plus. Mais ce qu’il va y trouver risque de le désarçonner.

La série suit son cours, présentant à nouveau un des premiers dieux, dans un épisode unique, sans qu’on en attende forcément une suite. Le choix d’une période historique forte tranche avec l’esprit des débuts, où rien ne venait entraver les portraits des dieux. Ici, c’est le contexte qui l’emporte, omniprésent, oppressant.

Zezelj s’y adapte à merveille, avec un dessin extrêmement travaillé qui fait la part belle aux ombres et aux noirs. La scène la plus réussie restant sans conteste le monologue d’Hermann Goering, la bave aux lèvres, ivre de sa vanité.

Mais ces quelques scènes réussies ne peuvent faire oublier que le scénario, très entendu, peine à captiver. Le dieu en particulier est assez effacé, jusqu’à son nom pour lequel Dionnet a vraiment fait dans la facilité. Il y avait probablement nécessité de ne pas proposer un scénario trop complexe à un dessinateur comme Zezelj, au risque de produire une œuvre indigeste ; mais on aurait aimé qu’il soit tout de même un peu moins bateau.

Ce troisième tome des Dieux et des hommes est clairement un cran en dessous, la faute à une histoire trop banale et à des poncifs que Jean-Pierre Dionnet aurait pu éviter. L’album mérite cependant qu’on s’y arrête, ne serait-ce que pour les dessins de Danijel Zezelj, tout simplement sublimes. Également parce que l’histoire de la série est franchement audacieuse et promet encore de beaux moments.



Scénario : Jean-Pierre Dionnet - Dessins : Danijel Zezelj - Editeur : Dargaud 
Série en cours - 3 tomes.  



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