La page blanche - Boulet / Bagieu
A sa sortie début 2012, La page blanche avait suscité des avis clairement mitigés (voir par exemple la critique de David d’IDDBD). Il faut dire que l’idée de Delcourt de réunir 2 grands noms des blogs BD pour une collaboration avait tout du gros coup de pub. Mais enfin, connaissant le travail de Boulet (j’avoue ne jamais m’être essayé aux planches de Pénélope Bagieu), ça pouvait augurer du très bon.
L’action démarre un soir, sur un banc proche de la station de métro Montgallet dans le 12e. Une fille est assise, elle semble ailleurs. Et pour cause, de son monologue intérieur ne ressortent que des interrogations sans réponse. Qu’est-ce que je fais ici ? Je vais y aller, mais où est-ce que j’habite ? Et surtout, comment je m’appelle ?
En clair, Eloïse est amnésique. Mais une amnésie peu commune, peu crédible aussi aux yeux de son médecin, une amnésie « de cinéma ». Peu à peu elle va tenter de remonter le cours de sa vie, comme une enquêtrice, écrivant à même les murs de son appartement.
Boulet a choisi de faire simple dans ce scénario. Une idée de départ plutôt plaisante, déroulée au fil des pages avec cet humour doux-amer qu’il utilise souvent dans ses Notes. Le problème est que si ce dosage fonctionne toujours très bien sur des histoires courtes, il peine à convaincre sur plus de deux cents pages.
Ce qui est au départ intrigant devient lassant par la répétitivité des situations et des dessins. En effet, si le dessin de Pénélope Bagieu est plutôt séduisant, il ne se renouvelle pas suffisamment pour apporter les nuances nécessaires.
Un élément de l’histoire a souvent déplu, voire a ulcéré une partie du lectorat : un léger côté critique sociale, sur la vacuité d’un certain mode de vie, l’uniformisation des individus, etc. Et surtout la désespérance inspirée par les supermarchés de la culture. J’avoue que si je partage l’idée que ce ressort scénaristique est assez mal mené, j’ai quand même du mal à y voir un côté « je crache dans la soupe alors que mes titres sont en tête de gondole à la FNAC ». A mon avis, c’est une polémique un peu vaine.
La page blanche est finalement une légère déception. Légère car je m’attendais à bien pire après avoir lu nombre de billets assez incendiaires. Rien ne convainc vraiment : le scénario est quand même très léger, le dessin redondant, mais c’est surtout que la sauce ne prend pas. On sent que chacun de leur côté, Boulet ou Pénélope Bagieu auraient pu faire quelque chose de bien avec cette idée, mais ensemble ça ne fonctionne qu’à moitié.
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Scénario : Boulet - Dessins : Pénélope Bagieu
Editeur : Delcourt - Collection Mirages - Récit complet.
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