Chelsea in love - David Chelsea
Aujourd’hui, petit retour en arrière avec Chelsea in love, écrit en 1993 et publié en France en 2006 par les éditions Çà et là. Je suis retombé dessus récemment, avec en tête le souvenir encore vif d’une envie de lire cette graphic novel. C’est aussi une occasion pour mettre en avant un éditeur exigeant, avec un catalogue d’une rare richesse (Les American splendor d’Harvey Pekar, les premiers Dash Shaw, Château l’attente de Linda Medley). Du tout bon.
On est au début des années 80, à New York. David Chelsea est alors jeune dessinateur de presse free lance. Il bosse dur, apprend, et surtout réussit encore à se plier aux exigences édulcorantes des directeurs de rédaction. Seule ombre au tableau pour le moment : il n’arrive pas à trouver de petite amie.
C’est en rentrant dans l’Oregon, à Portland où habite encore toute sa famille, que les choses vont changer. Il y retrouve des repères, et devient un peu « celui qui a réussi », ce qui facilite grandement les rapports humains. Sa sœur, qui auditionne pour des pièces de théâtre, va lui faire rencontrer une de ses amies, Minnie. Les deux vont commencer à se fréquenter, mais leur relation va rapidement prendre une tournure compliquée.
On l’aura compris, ici pas de faux-fuyants, on est vraiment dans le récit autobiographique. David Chelsea se raconte, se met en scène, sans que l’on sache précisément la part d’invention et de réalité. Et à vrai dire cela a peu d’importance, vu que les évènements décrits sont juste du quotidien, certes compliqué, étrange par moments, mais dans l’ensemble on ne peut plus banal.
Mais alors qu’est-ce qui fait – car c’est vraiment le cas ! – que ce récit accroche, attire, intrigue ? Déjà, la qualité du dessin, indéniable, saute aux yeux. Mais c’est surtout les grandes libertés graphiques et narratives prises qui clouent sur place. Dès la première page on retrouve une biographie de David Chelsea en 16 vignettes, magnifique de concision. Ensuite les évènements s’enchaînent, les personnages sortent des cadres, débordent, se retrouvent minuscules au milieu d’un décor vide, les visions oniriques envahissent le réel,… Sans s’en rendre compte on en prend plein les mirettes.
Partant d’un moment de vie relativement banal, David Chelsea réussit à le rendre intéressant, passionnant, drôle, émouvant. Autant l’autobiographie peut avoir un côté vraiment chiant quand elle baigne dans l’hagiographie, autant elle peut devenir un formidable matériau quand l’auteur ne se complait pas dans le nombrilisme. Et la richesse graphique de ce Chelsea in love confirme que dans le roman graphique aussi les américains sont au top.
Scénario & Dessins : David Chelsea - Editeur : Éditions çà et là - Récit complet.
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