Automne - Jon McNaught
Il avait connu un beau succès critique l’an dernier avec Dimanche, il vient de recevoir le prix Révélation du festival d’Angoulême 2013 pour Automne. Jon McNaught, jeune britannique illustrateur et graveur, en s’attachant à l’infime dépeint des sensations, des impressions. Derrière ces petites vignettes qui s’enchaînent, le lecteur comble les vides. Et c’est assez magique.
C’est dans la bourgade de Dockwood que prennent place ces « deux histoires d’arrière saison ». Tôt le matin, un jeune garçon prend le bus, somnole et s’arrête au niveau de la maison de retraite d’Elmview. Il vient y prendre son travail de commis dans les cuisines. Dehors, les feuilles commencent à jaunir et rougir.
Le soir, un collégien fait sa ronde de distribution de journaux après les cours. Il plie consciencieusement chaque gazette et les glisse dans les boîtes aux lettres. Seule une vieille dame le remarque et lui tend quelques barres chocolatées pour « tenir le coup ». Il s’assoit sur un banc avant de rentrer : le journal indique dans un article que des scientifiques ont découvert une nouvelle galaxie. Il fixe le ciel avant de se remettre en route.
Voilà pour l’histoire : une simple chronique, ramassée dans le temps, qui décrit la banalité d’un quotidien. En dehors des personnages, pris dans leur routine qui semble immuable, la nature change. Difficile d’expliquer l’attraction qu’exerce cet Automne. Difficile aussi d’y déceler des intentions. La traduction nous y pousse peut-être, en transposant le titre original, « Dockwood », en « Automne ». Fin de vie, lente érosion ? On ne prendra pas parti.
Jon McNaught, à travers ses vignettes, alignées, décompose les petits riens : une feuille qui tombe, un écureuil à l’affût dans un arbre, un collégien qui rentre discrètement chez lui. Face à cela, le lecteur calque ses souvenirs sur les images, se remémore des sensations, pense au temps qui passe. On est loin, avec ces grands aplats de couleurs et une palette réduite, des représentations grandiloquentes de cette demi-saison, mais il arrive pourtant à la sublimer. On y devine les cuivres et la lumière rasante, toutes les nuances.
Avec ces deux petites histoires de rien du tout, Jon McNaught transmet pourtant énormément. Il invite à la contemplation dans une œuvre sans prétention aucune. On pourra bien sûr y voir ce que l’on a envie d’y calquer : une critique sociale, une allégorie de la vie, que sais-je encore ? Je préfère y voir quant à moi des petits riens, instants fugaces mais prégnants.
Scénario & Dessins : Jon McNaught - Editeur : Nobrow - Récit complet.
Vous avez aimé cette chronique ? Pensez à vous inscrire à la newsletter et/ou au flux RSS pour être informé des prochaines publications.