Les cerisiers fleurissent malgré tout
Cela fera bientôt deux ans que le séisme ayant détruit une partie des côtes japonaises a eu lieu. Deux ans, et l’on n’en parle presque plus. Tout juste pour s’interroger stérilement sur les effets de la fuite radioactive de Fukushima sur la faune et la flore. Keiko Ichiguchi a, à cette époque, commencé à rédiger un récit en partie autobiographique, qui s’est mué en témoignage sur le vif d’une expatriée.
L’héroïne de cette histoire s’appelle Itsuko Sonoda. Enfant, elle souffre d’une maladie lui causant étourdissements et chutes brutales. Tout le monde cherche à la rassurer mais elle surprend une discussion d’adultes et comprend qu’elle risque de mourir.
C’est à cette époque que la mort devient pour elle, si ce n’est une obsession, du moins une invitée régulière de ses pensées. Une femme va radicalement changer sa perception de la vie : sa nouvelle maîtresse, Yuriko Tada. Et c’est pour en partie pour elle que bien des années plus tard Itsuko se décidera à revenir au Japon, juste après la catastrophe, pour admirer avec elle la floraison des cerisiers.
C’est à cette époque que la mort devient pour elle, si ce n’est une obsession, du moins une invitée régulière de ses pensées. Une femme va radicalement changer sa perception de la vie : sa nouvelle maîtresse, Yuriko Tada. Et c’est pour en partie pour elle que bien des années plus tard Itsuko se décidera à revenir au Japon, juste après la catastrophe, pour admirer avec elle la floraison des cerisiers.
A travers ce récit de vie, dont Keiko Ichiguchi nous explique en fin de volume qu’il est grandement inspiré de sa propre expérience, se dessine un exemple de l’hébétude puis de la force vitale qui se sont emparés du peuple japonais après la catastrophe. On a beaucoup entendu parler à cette époque de l’admiration des européens pour cette incroyable capacité à avancer, malgré le drame ; de leur insensibilité aussi, pour les mêmes raisons.
Les cerisiers fleurissent malgré tout nous montre surtout que ces considérations n’ont pas lieu d’être. Qu’il n’y a peut-être pas de spécificité culturelle qui fasse qu’on se relève ou non d’une catastrophe comme celle-là. Juste un parcours personnel, qui fait que chacun trouve les moyens qu’il peut pour émerger du drame. Certains choisiront par exemple de célébrer les cerisiers en fleurs pendant que d’autres préfèreront rester en deuil.
Keiko Ichiguchi livre avec Les cerisiers fleurissent malgré tout un beau témoignage sur ce bouleversement qu’ont été le séisme et le tsunami qui s’en est suivi. On comprend comment ce drame s’est imposé dans la vie de chacun, même ceux qui se trouvaient à des milliers de kilomètres. Une ode à la simplicité et à la relativité des choses.
Scénario & Dessins : Keiko Ichiguchi - Editeur : Kana - Collection Made In - Récit complet.
© by ICHIGUCHI Keiko
Vous avez aimé cette chronique ? Pensez à vous inscrire à la newsletter et/ou au flux RSS pour être informé des prochaines publications.