Blast tome 4 - Pourvu que les bouddhistes se trompent

Depuis le début du tome 1 et de sa garde à vue, nous savions que Polza Mancini n’était pas là par hasard. C’est certainement l’élément qui m’aura fait avoir le plus d’appréhension à tourner les pages et enchainer les tomes. Parce que Larcenet a travaillé notre empathie, pour rendre ce personnage complexe et marginal sympathique, parce que les faits sont durs, crus et ne nous épargnent pas.

Surtout dans le tome 3, où Polza fait les frais des plus noirs et bas instincts de l’homme, finissant ainsi par se convaincre que sa misanthropie est des plus justifiée. Mais il y a Roland et surtout Carole, qui le recueillent, le soignent et lui offrent un toit. 


Carole. Depuis les premières pages nous connaissions ce nom, nous savions que toute cette histoire allait mal finir, restait juste à découvrir le degrés de noirceur que Larcenet aura choisi pour rendre l’ensemble explosif. Cet effet « bombe à retardement » a été magnifiquement étudié et aura largement contribué à rendre le récit captivant, alors que de nombreuses pages de contemplations le parsèment. Prendre son temps, instaurer les silences pour mieux faire ressentir les cris et la douleur, peindre des noirs profonds et laisser des blancs immaculés, utiliser les nuances de gris comme pour nous rappeler que tout n’est jamais ni vraiment bon, ni vraiment mauvais.

Puis avouez que le titre de ce tome est d’un pessimisme extraordinaire : on pense tout de suite à la réincarnation et ces quelques mots expriment à eux seuls tout le dégoût que Polza s’inspire à lui-même. Cette quête de l’extase (le Blast), venant d’un personnage parfois écoeurant, ce retour à la nature difficile, ce retrait total, cette analyse de soi qui en vient à inspirer le plus profond des mal-être. Larcenet a vraiment plongé dans les profondeurs de l’âme et je veux volontiers le croire quand il nous dit que cela lui a été douloureux. Pour moi aussi. Mais une douleur tellement profonde, tellement existentielle et un suspens tellement bien amené que l’on en vient à tendre l’autre joue.

Je savais que j’allais me prendre une claque en lisant ce final de Blast. J’avais intérieurement un peu peur que Larcenet nous ait épargné et que tout cela ne finisse pas avec suffisamment de pertes et fracas. Après tout, c’est ce que nous étions légitimement en droit d'attendre. La conclusion du récit a rempli toutes mes espérances et même bien plus. Blast est une oeuvre majeure, une quadrilogie exceptionnelle et cela ne fait maintenant plus aucun doute. 





Scénario & Dessins : Manu Larcenet - Editeur : Dargaud - Série finie - 4 tomes.




Vous avez aimé cette chronique ? Pensez à vous inscrire à la newsletter et/ou au flux RSS pour être informé des prochaines publications.