Le Linge Sale - Rabaté / Gnaedig

On connaît le goût de Pascal Rabaté pour les gens ordinaires, les tout-un-chacun qui s’incarnent, prennent vie dans ses histoires. Dans Le linge sale, c’est une véritable galerie de personnages, tous odieux dans leur genre, qui va rythmer le récit. Un thriller grinçant, un mauvais genre avec ses faiblesses mais un charme certain.

L’histoire démarre en prison, cette prison dans laquelle Pierre Martino vient de purger 20 ans de sa perpétuité. On se demande ce qu’a bien pu faire ce détenu modèle au physique d’employé lambda, visage rond, petites lunettes rondes itou. On apprend rapidement qu’il n’a pas volé sa peine puisqu’il a dézingué par erreur un couple adultérin en pensant y retrouver sa femme, tenté de tuer des témoins et blessé un flic. Pas émis de regrets particuliers non plus. Surprise, il est libéré pour vingt ans de comportement exemplaire. Mais une seule idée persiste : ne pas rater sa femme cette fois-ci.

Il ne lui faudra pas longtemps pour retrouver son ex-épouse, remariée et engluée dans une famille de beaufs, receleurs, idiots, crasseux. Le portrait de famille aurait suffi à beaucoup pour s’estimer vengés, pas à Martino. Il mûrit son plan…

Difficile de dire qui s’en sort le mieux dans ce récit : probablement ceux que l’on n’entend pas, dont on aperçoit juste la silhouette. Pour les autres, ils font tous dans la surenchère : la famille visée bien sûr, assemblage de tous les stéréotypes de la beaufitude, racistes, alcooliques, magouilleurs, le héros et son absence totale de morale, l’hôtelière du coin ou le garagiste, insignifiants. C’est pourtant le plaisir principal du récit que de vivre ces dialogues et situations insensés. Un plaisir peut-être un peu coupable, voyeur sûrement.

Le titre est d’ailleurs finement trouvé, on ne lave pas et on n’est pas bien sûr qu’on puisse appeler ça une famille ; reste le linge sale. Les dessins de Sébastien Gnaedig remplissent bien leur rôle et assument le rythme du scénario. L’histoire en elle-même reste cependant assez anecdotique, mêlant burlesque et malice. Le ton et les personnages auraient peut-être mérité quelque chose d’un peu plus trash.

Le linge sale vaut plus le détour pour ses personnages et leur médiocrité que pour son intrigue. Les dialogues sont ébouriffants et on ponctue vite sa lecture de petits « c’est pas possible…» et « quelle misère… » intérieurs. Peut-être pas le meilleur album de Rabaté mais sans aucun doute un chouette moment de rire jaune.



Scénario : Pascal Rabaté - Dessins : Sébastien Gnaedig - Editeur :  Vents d'Ouest
Collection Intégra - Récit complet.


Vous avez aimé cette chronique ? Pensez à vous inscrire à la newsletter et/ou au flux RSS pour être informé des prochaines publications.