Martin Bonheur
A Saint Denis, la mère d'Agathe lui avoue avoir menti sur son père depuis toujours. A Rouen, un jeune écrivant se fait insulter par un inconnu en pleine séance de dédicace. Lequel, manquant un virage en rentrant chez lui, dans le petit village de Veules-les-Roses, découvre une voiture accidentée dans un fossé.
Ces personnages ne se connaissent pas mais c'est pourtant bien à Veules-les-Roses, pittoresque village Normand que déboule six mois plus tard Agathe. Aplatissant un renard sous les yeux du garde champêtre, son arrivée ne passe pas inaperçue. D'autant qu'Agathe se comporte en vrai citadine, hautaine et plus soucieuse d'éventuels dégâts sur son véhicule que de l'animal ou des limitations de vitesses dans le bourg.
Si Veules-les-Roses est une station balnéaire, elle est bien vide hors saison et Agathe aura tôt fait de rencontrer les principales figures du village. En plus de Rémi, le garde champêtre, elle découvre Martin, un jeune homme qui rend de menus services aux résidents, et Charles Smolridge, un soit disant écrivain inconnu puisqu'il n'officie qu'en temps que nègre pour de grands noms. Et Smolridge est justement l'objet de sa venue en Normandie.
Sous couvert d'écrire elle-même un roman et de solliciter l'avis d'expert de Smolridge, la working girl parisienne se rapproche de l'homme censé être son père...Ce faisant, elle découvre l'ambiance paisible du village et ses facétieux habitants, principalement du troisième âge, grâce à Martin. Le jeune homme n'est en effet jamais deux fois au même endroit. Et pour cause, non content de s'occuper de l'entretient de la majorité des résidences secondaires, vides de leurs propriétaires la majeure partie de l'année, il dépanne un peu tout le monde en faisant les courses, gardant les animaux de compagnies, mangeant chez les uns et passant un moment avec les autres. La vie de Martin semble entièrement tournée vers ces "vieux" qui sont finalement sa famille.
Une vie simple qu'a bien du mal à appréhender Agathe. Mais la quiétude de Veules-les-Roses va voler en éclat lorsque le corps sans vie de M. Smolridge est découvert au pied de la falaise. Accident, suicide ? L’enquête de gendarmerie devra faire la lumière sur les causes de la mort et ce drame déclenchera bien des troubles dans la vie d’Agathe, mais aussi de Martin et de ses protégés...
Martin Bonheur est scénarisé avec finesse par Jérôme Félix (L'Arche, L'Héritage du Diable). Le rythme y est à la fois rapide et contemplatif, entre l’enquête et les très touchants moments de la vie des habitants du village. Les dessins de Louis se prêtent a merveille à cette histoire dont chaque personnage est bien différencié et porte sa personnalité sur ses traits. Il faut également souligner les couleurs de Véra Daviet qui sont pour beaucoup dans l'ambiance de la BD.
Martin Bonheur, comme son nom l'indique, évoque au delà de la part policière de l'histoire la notion de bonheur, de plénitude. S'il est différent pour chacun, il peut parfois se cacher dans un village. Dans ses habitants, pourquoi pas. Quelqu'un a dit "L'enfer, c'est les autres", alors pourquoi pas le bonheur également.
Scénario : Jérôme Félix - Dessins : Louis - Editeur : Bamboo
Collection ; Grand Angle - One shot.
Vous avez aimé cette chronique ? Pensez à vous inscrire à la newsletter et/ou au flux RSS pour être informé des prochaines publications.