Bayou Bastardise

Chez B&O on apprécie particulièrement le label 619 pour ses univers et son ton libre. Pas mal de titres ont déjà été chroniqués : Mutafukaz, DoggyBags, Grocery, Tank Girl. C’est donc avec grand plaisir qu’on s’est lancé dans ce Bayou Bastardise d’Armand Brard et Neyef. Et à la lecture du premier tome, il ne dépareille pas dans la collection : c’est sans concession, un décor crasseux gonflé à la meth’ et des personnages bruts.

Bienvenue à Peaux-Brumes, Louisiane, ses marécages, ses baraques défoncées, ses dégénérés… Un beau tableau du Sud redneck. Ici, peu de choses importent : la débrouille, la tête haute et une grande gueule. Chacun y va de son petit business : catch sauvage, braconnage, contrats, trafic de meth. Celui qui s’en sort apparemment le mieux reste le pasteur Riley, évangéliste toujours accompagné de son garde du corps, et pour qui la religion semble être surtout une bonne couverture.

Et comme toujours dans le folklore cajun, le mysticisme, le vaudou et les fantômes ne sont pas loin. C’est donc autour du souvenir et des apparitions d’un pyromane célèbre du coin que vont se greffer toutes les histoires des personnages. 

Difficile d’en dire plus sans se lancer dans une paraphrase de l’album entier. En effet le scénario reste assez obscur. C’est un des légers reproches que l’on peut faire à cette entrée en matière : on peine à comprendre ce qui se trame derrière ces bribes de vie et l’enfilade de personnages secondaires.

On est par contre immédiatement saisi par cette ambiance moite, dégueulasse, mortifère. Tout concourt à cette immersion : le dessin de Neyef bien sûr, les gueules dont il affuble ses personnages, les couleurs blafardes, mais également les dialogues mélangeant allègrement cajun et créole. On croit à tout dans ce récit : on croit à cette violence omniprésente, hors du temps, à ces familles improbables où chacun semble prêt à tuer l’autre au moindre prétexte, on finit même par accepter les visions fantomatiques.

C’est le grand paradoxe de ce premier tome : même si la trame du scénario n’est pas des plus claires, on reste scotché, du début à la fin. Espérons que la suite réussira à maintenir cette tension et ce background... Son of a gun, we’ll have big fun !



Scénario : Armand Brard - Dessins : Neyef  - Collectif - Editeur : Ankama - Label 619.


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