Nefer - Arnaud Boutle

On avait remarqué Arnaud Boutle il y a quelques années avec Entre les ombres, une approche originale et poétique du post-apocalyptique. Avec Nefer il fait le chemin inverse en revenant aux « premières terres », à ses chants et ses contes. Il invente une mythologie du Trias et les peuples qui l’accompagnent. Mystérieux et poétique.

Nefer vient de s’échapper. Elle, la princesse des Hommes Fourmis, vivait sous le joug de son mari, le Roi des Hommes Pâles, et de sa garde. Les stigmates de son corps en attestent. Alors qu’elle est sur le point de se faire tuer par deux prédateurs, un géant d’argile vient à son secours. Il se nomme Tour du Septentrion et est un Ancien.

L’ordre des Anciens, autrefois si sage et si fort, se meurt sans que personne n’en comprenne la cause. Nefer et Septentrion vont s’unir au cours de leur périple pour essayer de sauver les Anciens et leur savoir ancestral. 

Nefer est plus qu’un simple conte : il se présente sous la forme d’une civilisation oubliée et disparue, et de la somme de ses histoires. On trouve les hommes fourmis, les hommes perchés, les fangeux et d’autres peuples, qui vivent en paix fragile. On trouve aussi une part de magie avec les shamans et les anciens, sortes de golems, détenteurs de pouvoirs immenses. Si l’on met un peu de temps pour saisir le contexte du récit et comprendre de quoi il retourne, l’ensemble est cohérent et on s’immerge vite dans le récit.

Mais ce qui est si attirant dans Nefer,  à savoir cette multitude de peuples et cet univers vaste, est aussi un peu le point faible de l’album. En effet, malgré un nombre de planches conséquent (140 pages environs), on effleure à peine les possibilités qu’aurait pu offrir le corpus créé par Arnaud Boutle et que l’on entrevoit dans le cahier final. On pourrait comparer cela avec le travail de François Place qui, dans son Atlas des géographes d’Orbae, avait su trouver une forme idéale pour ouvrir des horizons multiples.

Nefer est une belle découverte mais qui nous laisse un peu sur notre faim. L’univers imaginé semble si vaste et rempli de potentialités que l’histoire de Nefer, assez linéaire et entendue, déçoit. Cela reste malgré tout un bel album, avec de jolies trouvailles visuelles (les Anciens sont particulièrement réussis) et une inventivité certaine. 





Scénario &
 Dessins : Arnaud Boutle - Editeur : Delcourt - One shot.





Vous avez aimé cette chronique ? Pensez à vous inscrire à la newsletter et/ou au flux RSS pour être informé des prochaines publications.