Underwater, Le village immergé

Yuki Urushibara s’est fait connaître grâce à sa série Mushishi, manga mettant en scène un homme au pouvoir rare, capable d’attirer les mushi, formes de vie primitives et quasi divines. Au-delà du thème, c’est surtout le style particulier, vaporeux et onirique, qui avait marqué les esprits. Ki-Oon nous propose en ce début d’année une nouvelle histoire, Underwater, bouclée en deux tomes au Japon.

L’été bat son plein au Japon, la canicule est accablante et le gouvernement met en place des mesures de restriction d’utilisation de l’eau. Coup dur pour les membres du club de natation d’un lycée, contraint à enchaîner les tours de pistes au lieu de se baigner. La jeune Chinami finit par faire un malaise et s’effondre. Alors que ses amis se précipitent pour tenter de la réanimer, son esprit divague et elle se réveille au bord d’une rivière, au milieu d’une nature luxuriante.

Elle va croiser un jeune garçon, Sumio, qui l’emmène dans son village dont les contours laissent à Chinami un goût de déjà-vu. Cet épisode se clôt brusquement alors qu’elle se réveille sur la piste d’athlétisme. Mais Chinami reste persuadée que ce qu’elle a vécu est bien plus qu’un simple rêve…

Sous-titré Le village immergé, Underwater se situe dans la grande lignée des oeuvres où le fantastique s’invite dans le réel. On pense bien sûr d’emblée au Voyage de Chihiro ou à Quartier Lointain, mais la comparaison s’arrête là. Le charme d’Underwater tient à son ambiance, visuelle et rythmique. On ressent la lourdeur de l’été caniculaire puis la fraîcheur et l’apesanteur de cette nature rêvée. Là où Taniguchi exploite le procédé fantastique à plein, Urushibara l’utilise comme amorce pour raconter autre chose.

On sent bien à lecture de ce premier tome que le lecteur doit chercher au-delà de ce qui est écrit. Ce n’est pas qu’un simple secret de famille, qu’un évènement surnaturel qui surgit, le récit tient aussi de la fable. Qu’a permis la modernité, au prix de quoi s’est-elle imposée ?

Ce Village immergé séduit immédiatement par son atmosphère et par la pudeur qui imprègne chaque page. Chacun y verra ce qu’il veut, présences immatérielles, arguments écologiques, secret de famille et suspens. C’est peut-être la vraie réussite de ce récit : permettre à chacun d’y lire ses obsessions. Suite et fin dans le tome 2 prévu fin mai.



Scénario et Dessins : Yuki Urushibara - Editeur : Ki-oon - Collection : Latitudes
Série en deux tomes - 1 tome paru.
SUIIKI © Yuki Urushibara / Kodansha Ltd.
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