Jigoro !
Véritable hommage au manga sportif, ce spin-off de la série Yawara! met en scène Jigorô Inokuma, le grand-père de Yawara, à travers des histoires courtes où il apparaît plus excentrique que jamais. Une plongée déjantée dans l’univers d’un vieil homme qui ne manque pas de souffle !
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec Jigoro !
Ce n’est pas un titre qui fait grand bruit, ni un incontournable du maître Urasawa. Mais l’édition grand format proposée par Kana m’a donné envie de tenter le détour. Et parfois, il faut savoir se laisser surprendre par les recoins moins exposés d’un auteur qu’on aime.
Évidemment, on reconnaît immédiatement la patte graphique d’Urasawa. Ce coup de crayon expressif, ce sens du rythme, et cette ambiance délicieusement rétro qu’il sait faire vivre comme personne. Même quand le ton est plus léger, il y a dans ses pages quelque chose d’authentique, de maîtrisé.
Jigoro ! se lit sans avoir besoin de connaître Yawara! et c’est là aussi sa force : c’est un petit recueil indépendant, porté par un personnage haut en couleur, grande gueule et mauvaise foi incarnée, mais touchant, à sa manière cabossée. L’humour fonctionne, les dialogues claquent, et certains chapitres surprennent par leur finesse sous les apparences de farce.
J’ai particulièrement aimé la dernière histoire, autour du base-ball. Moins bruyante, plus douce, plus vraie. On sent que derrière le jeu, il y a un regard tendre, un passé, une fragilité. Ce genre de bascule m’accroche toujours.
Jigoro !, ce n’est peut-être pas Urasawa au sommet de son art, mais c’est un très bon moment, une lecture fluide, un hommage décalé, et un rappel qu’il excelle aussi dans les formats courts. À garder dans sa bibliothèque comme une parenthèse inattendue du maître.