Les Années Douces

Dans un café, une jeune femme rencontre un homme plus âgé qu’elle. Tous deux se connaissent vaguement. De ces rencontres fortuites, ils vont créer un lien inattendu… Une relation faite de silences, de respect, et de fragilité, que seul Taniguchi pouvait mettre en scène avec une telle finesse.

J’ai lu pas mal de Taniguchi dans ma vie de lectrice.
Quartier Lointain reste mon préféré, sans doute parce qu’il touche quelque chose d’universel avec une pudeur rare. Alors quand Les Années Douces est ressorti en sens de lecture original chez Casterman – Sakka, dans une édition sobre et élégante, j’ai su que le moment était venu d’y plonger.

On reconnaît immédiatement la patte du maître : les traits calmes, les décors presque silencieux, cette manière de donner de la gravité aux gestes les plus simples. Le dessin ne cherche jamais l’effet, mais l’émotion, contenue, subtile, sincère. Et dans Les Années Douces, cette sensibilité graphique épouse parfaitement le récit : une rencontre inattendue, une relation fragile qui se construit dans les interstices de la vie.

Elle est jeune, il est plus âgé. Elle doute, il écoute. Il ne se passe presque rien, et pourtant, tout passe dans les regards, les silences, les pauses entre deux phrases. Taniguchi, fidèle à lui-même, refuse le spectaculaire pour mieux saisir ce que d’autres ignorent : le poids d’une main posée sur une table, l’importance d’un café partagé, la mémoire que porte un quartier.

Ce n’est pas une romance, pas tout à fait une amitié non plus. C’est un lien fragile, fait de respect, d’écoute, d’une forme d’affection discrète. Et cette pudeur-là, dans un manga, est précieuse. On avance avec eux, lentement, sans promesse de fin heureuse ou tragique, juste le goût de l’instant.

Les Années Douces ne révolutionnera pas votre rapport au manga. Mais il pourra vous réconcilier avec le temps, avec les silences, avec ces moments de creux qui sont tout sauf vides. À travers cette œuvre, on retrouve l’essence même de Taniguchi : un regard tendre sur ce que le monde a de plus ordinaire… et donc de plus précieux.



Scénario : Hiromi Kawakami / Dessins : Jirô Taniguchi – Éditeur : Casterman 
Série terminée – 1 tome.
© Hiromi Kawakami / Jirô Taniguchi / Casterman. All rights reserved.



Pensez à suivre B&O sur Instagram pour vous tenir informé des nouvelles publications !