Un jour sans - Rémy Benjamin / Pero
La poisse, quand elle vous tient elle ne vous lâche pas. C'est ce que va découvrir le seigneur Roland à ses dépends. Parti en croisade en Terre Sainte, notre homme envisage le voyage et la guerre comme une occasion de quitter sa dame ainsi que ses terres et s'adonner aux joies des beuveries et de la luxure.
Mais rien ne se passe comme il le voudrait. Il perd la plus grande partie de ses troupes dans des circonstances ridicules, les oiseaux ont l'air de s'être passé le mot pour déféquer sur ses épaules et, comble du comble, sa virilité l'abandonne aux moments de passer aux plaisirs charnels.
C'est avec un plaisir sadique que nous suivons ce personnage détestable dans ses mésaventures. Car dès le commencement, Roland est présenté comme antipathique et ce sentiment va grandissant au fur et à mesure que nous faisons plus ample connaissance avec lui.
Les représentants de l'église qui accompagnent les soldats ne font que rajouter à la critique acide et réaliste des guerres de religions. Avec le recul nécessaire, on distingue entre les mots des dialogues résolument modernes un constat amère de ce que pouvaient être les guerres saintes et les ambitions réelles de ceux qui les accomplirent.
Mais au-delà des jugements historiques et religieux, le récit se positionne comme une sorte de fable, de nouvelle, qui offre un final inattendu. Si le dénouement n'était pas tel qu'il est, nous aurions eu une histoire supplémentaire à l'époque moyenâgeuse, aux dialogues savoureux, certes, mais dénuée de surprise et d'originalité. Heureusement il n'en est rien et les auteurs ont ficelé le périple de manière ingénieuse.
Le final est donc imprévu, sec et acerbe, à l'image de son personnage sans âme ni pitié. Je n'irais pas jusqu'à dire que sans lui le plaisir ne serait pas là, le chemin étant loin d'être désagréable, mais il ajoute un élément indéniablement malin à l'ensemble. Le genre de fin qui vous donne envie de tout reprendre depuis le commencement, afin de voir les choses sous leur aspect véritable. Rémy Benjamin a parsemé de quelques indices son récit, mais de façon suffisamment subtile pour que l'on ne s'attende pas à son issue.
Les dessins de Pero sont nerveux, sans fioritures et servent parfaitement le propos. La personnalité de Roland et les pensées des protagonistes gravitant autour de lui sont très bien rendues. L'épopée est longue, tantôt boueuse, parfois pluvieuse et les couleurs de Rémy Benjamin reflètent bien les ambiances.
Un one shot atypique qui mérite que l'on s'y attarde. Sans être destiné exclusivement aux amateurs de BD historiques, il devrait plaire au plus grand nombre ne serait-ce que pour sa construction originale et son final étonnant.
Pour rappel, et si vous êtes dans le coin ce week-end, les deux auteurs seront en dédicace au salon Balade des Bulles de Faches Thumesnil (59).
Scénario : Rémy Benjamin - Dessins : Pero - Editeur : Ankama Editions
Collection Araignée - Récit complet.
Wikio
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Mais rien ne se passe comme il le voudrait. Il perd la plus grande partie de ses troupes dans des circonstances ridicules, les oiseaux ont l'air de s'être passé le mot pour déféquer sur ses épaules et, comble du comble, sa virilité l'abandonne aux moments de passer aux plaisirs charnels.
C'est avec un plaisir sadique que nous suivons ce personnage détestable dans ses mésaventures. Car dès le commencement, Roland est présenté comme antipathique et ce sentiment va grandissant au fur et à mesure que nous faisons plus ample connaissance avec lui.
Les représentants de l'église qui accompagnent les soldats ne font que rajouter à la critique acide et réaliste des guerres de religions. Avec le recul nécessaire, on distingue entre les mots des dialogues résolument modernes un constat amère de ce que pouvaient être les guerres saintes et les ambitions réelles de ceux qui les accomplirent.
Mais au-delà des jugements historiques et religieux, le récit se positionne comme une sorte de fable, de nouvelle, qui offre un final inattendu. Si le dénouement n'était pas tel qu'il est, nous aurions eu une histoire supplémentaire à l'époque moyenâgeuse, aux dialogues savoureux, certes, mais dénuée de surprise et d'originalité. Heureusement il n'en est rien et les auteurs ont ficelé le périple de manière ingénieuse.
Le final est donc imprévu, sec et acerbe, à l'image de son personnage sans âme ni pitié. Je n'irais pas jusqu'à dire que sans lui le plaisir ne serait pas là, le chemin étant loin d'être désagréable, mais il ajoute un élément indéniablement malin à l'ensemble. Le genre de fin qui vous donne envie de tout reprendre depuis le commencement, afin de voir les choses sous leur aspect véritable. Rémy Benjamin a parsemé de quelques indices son récit, mais de façon suffisamment subtile pour que l'on ne s'attende pas à son issue.
Les dessins de Pero sont nerveux, sans fioritures et servent parfaitement le propos. La personnalité de Roland et les pensées des protagonistes gravitant autour de lui sont très bien rendues. L'épopée est longue, tantôt boueuse, parfois pluvieuse et les couleurs de Rémy Benjamin reflètent bien les ambiances.
Un one shot atypique qui mérite que l'on s'y attarde. Sans être destiné exclusivement aux amateurs de BD historiques, il devrait plaire au plus grand nombre ne serait-ce que pour sa construction originale et son final étonnant.
Pour rappel, et si vous êtes dans le coin ce week-end, les deux auteurs seront en dédicace au salon Balade des Bulles de Faches Thumesnil (59).
Scénario : Rémy Benjamin - Dessins : Pero - Editeur : Ankama Editions
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