Rencontre avec Flore Balthazar pour Miss Annie (Balthazar / Le Gall)

Miss Annie est une petite chatte qui découvre l'environnement qui l'entoure. Cela débute par sa maison et les habitants qu'elle y croise, les humains (dont on ne voit que les jambes) mais également une petite souris avec qui elle se lie d'amitié. Miss Annie est encore un chaton, elle est très curieuse mais également naïve.

Comme tous les jeunes chats, elle fait également quelques bêtises. Jusqu'au jour où ses maîtres vont décider qu'elle est assez mature pour la laisser sortir. L'aventure peut commencer !

Dès qu'il s'agit d'une histoire de chats, c'est plus fort que moi, je ne peux faire autrement que de me laisser tenter. On ne se refait pas. Comme tous les ouvrages consacrés à nos amis félins, on remarque tout d'abord une très bonne observation et analyse des comportements propres aux chats. Et même si au premier abord le scénario de Frank Le Gall pourrait sembler un peu niais, il faut savoir lire entre les cases pour voir l'aspect initiatique et pas si naïf que renferme cette histoire.

J'ai eu la chance de rencontrer Flore Balthazar lors d'un déjeuner suivi d'une séance de dédicace organisés par les éditions Dupuis. La dessinatrice de ce charmant Miss Annie aime apparemment les chats autant que moi.


B&O : - Flore, enchantée de te rencontrer. Miss Annie est ton premier album édité et réalisé en collaboration avec Frank Le Gall qui s'est chargé du scénario. Qu'est-ce que cela fait de voir naitre ainsi un tel projet et peux-tu nous en dire un peu plus sur le chemin qui t'a mené à devenir dessinatrice de BD ?

Flore Balthazar : Salut, Ginie. J'ai toujours, ou presque, voulu être dessinateur de bandes dessinées. Je suis née en Belgique, où on baigne littéralement dedans, donc c'est devenu très vite logique, pour une gamine qui dessinait beaucoup... Après, mon parcours est assez classique : on va proposer des projets un peu partout, on travaille...

- Tu m'as dit que Miss Annie est avant tout une histoire qui est le fruit d'une longue observation de votre propre chat. Comment Frank a-t-il eu cette idée de se mettre à hauteur de chat pour voir la vie sous leur angle ?

En fait, on venait d'avoir ce petit chat, qui a transmis la toxoplasmose à Frank. Ce n'est pas un virus très grave du tout, mais on est complètement HS : Frank a passé quelques semaines sur le canapé à attendre que ça passe... et à regarder notre petite chatte faire ses bêtises, ses mines, ses découvertes. C'est vraiment venu comme ça. Pour ma part, j'ai toujours vécu avec des chats et les ai toujours dessinés, c'était logique que ce soit un projet à deux, donc.

- L'album possède une réelle double lecture et n'est vraiment pas réservé qu'aux plus jeunes. Cette quête initiatique est parsemée d'étapes amusantes, mignonnes mais également rudes et réalistes. Est-ce un choix délibéré afin de justement s'adresser au plus grand nombre ?

Je crois que ça tient au type d'écriture de Frank, qui a pratiquement toujours écrit des récits qu'on rangerait sous l'étiquette "ado-adulte". L'écriture de ce scénario s'est faite très naturellement. En réalisant l'album, on n'avait évidemment pas de "coeur de cible" marketing ou ce genre de choses, mais je crois que Frank a écrit ce qui l'amusait lui, dans ses observations du chaton. Par la suite, pour donner un peu d'épaisseur au récit, il y a introduit une petite aventure : à partir du moment où l'histoire était celle d'un apprentissage, il est évident que la vie, même d'un chaton à sa mémère, mène à se confronter aux autres, à la mort...

- Tu as réalisé tous les dessins de l'album à la plume et un album en noir et blanc et couverture souple a également été l'objet d'un tirage limité. Lequel des deux supports te satisfait le plus? Le côté dépouillé du noir et blanc qui fait ressortir ton trait ou l'aspect plus vivant et accessible de la version couleur ?

En fait, j'aime vraiment les deux ! J'apprécie beaucoup le travail que Robin Doo a réalisé sur les couleurs, qui sont fraîches et assez pop. Le traitement de la dernière scène de nuit, presque en monochromie me plaît énormément aussi.

Pour le noir et blanc, c'est vraiment un cadeau : je rangeais des photocopies des planches au fur et à mesure de la réalisation dans un lutin (tu vois ce que je veux dire : les cahiers avec des chemises en plastique), pour pouvoir les consulter en travaillant, et je trouvais que le rendu noir et blanc était sympa aussi -avec la plume, on obtient des effets qui sont un peu écrasés par la couleur. Apparemment, chez Dupuis, José-Louis Bocquet a eu la même réaction et il nous a proposé cette version.

- Nous parlions tout à l'heure de ta formation en dessin et tu me disais y avoir fait la connaissance de Stacy Tarumbana que j'ai déjà rencontré et interviewé sur B&O. Il a réalisé les planches du "Banni" entièrement en numérique. Est-ce un outil que tu aimerais également exploiter ou préfères-tu rester au contact des mines de plomb et encrier ?

Je n'ai pas le même problème que Stacy, qui travaille en numérique par manque de lumière et place pour travailler la peinture : mon espace de travail n'est pas bien grand non plus mais mon travail est plus modeste et mes outils aussi - il a une technique de fou, lui. J'utilise un peu le numérique, mais surtout pour des corrections, de petites rustines qui sont plus propres à faire sur un scan que sur le papier. J'aime vraiment le contact de l'encre et du papier, en fait - et mes yeux, qui ont eu quelques problèmes, souffrent vite sur écran !

- Nous avons discuté de quelques titres manga et le genre t'es apparemment familier. Quelles sont tes lectures BD (tout genre confondus) ?

J'ai vraiment du mal à rester au courant ces dernières années ! Il y a vraiment beaucoup beaucoup beaucoup de sorties ! Et puis, je n'ai pas toujours envie de lire des bandes dessinées après en avoir fait toute la journée (elle sourit). Mes lectures me portent plus vers la littérature, en général. En bandes dessinées, je regarde les livres, je les feuillette... Mes dernières lectures sont assez classiques : du Crumb, le journal de Spirou, les Peanuts, et je relis aussi mes classiques, comme Hergé, Bretécher, F'murrr... Concernant le manga, je trouve intéressant que de jeunes auteurs franco-belges s'en approprient les codes, les digèrent, comme Vanyda, par exemple.

- Et d'ailleurs concernant tes lectures, quels sont les dessinateurs qui t'ont le plus marqué, influencé, donné envie de toi-même te mettre à la BD ?

Hergé, bien sûr, qui me paraît une quintessence de ce que faire ce métier signifie : clarté, équilibre, humour... J'ai beaucoup lu Claire Bretécher -une femme qui fait ce métier sans affectation trop féminine, qui a un trait de plume vif, puissant, forcément ça me fascine. Sinon j'ai lu énormément de bandes dessinées étant gosse -la bibliothèque était en face de chez moi, et pas mal fournie. Donc, ça va de tout à tout : Crumb, Herriman, pour les Américains un peu underground, les Franco-Belges de Spirou - de Peyo à Frank Pé, Dodier, Yann et Conrad...

- Frank Le Gall travaille déjà sur un deuxième tome de Miss Annie. De ton côté en plus de ces péripéties félines as-tu d'autres projets, d'autres envies ?

J'aimerais redessiner des humains, aussi ! Mais je n'ai aucun projet suffisamment développé en ce moment pour vraiment en parler...

- Merci pour tes réponses à ces quelques questions. J'espère que Miss Annie rencontrera le succès qu'elle mérite et te souhaite le meilleur pour la suite (et qui sait ? peut-être une prépublication dans le magazine de Spirou ?).

Merci !



Scénario : Frank Le Gall - Dessins : Flore Balthazar - Editeur : Dupuis
Série en cours - 1 tome





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