[Roman] Swap - Antony Moore

 Y a pas que les BD dans la vie, il y a les romans aussi. Même si nous n'en parlons jamais, nous lisons également des bouquins sans cases, sans bulles, ni même le moindre petit dessin. Mais si aujourd'hui je vous parle de Swap, c'est que c'est une histoire basée sur… une bande-dessinée ! Un livre dont j'avais lu sur la toile qu'il était "pour comics addicts". Vraiment ? Tout d'abord jetons un oeil au pitch de cet "échange" (Swap en anglais…).

Quand ils étaient enfant, Harvey et "Bleeder" (le souffre douleur de l'école) ont fait un échange. Du troc, comme chaque enfant en fait un jour. Un comic contre un tuyau en plastique. Mais pas n'importe quel comic : le "Superman numéro un".

Devenu par la suite collectionneur et quelques années plus tard patron d'une boutique de bande-dessinée, Harvey ne se remet pas d'avoir commis cette erreur monumentale : échanger contre un bout de tuyau quelconque une bande-dessinée estimée maintenant à 200 000 livres sterling (300 000 dollars). Cela fait des années que cette histoire le hante et Harvey n'a plus qu'une obsession : récupérer ce comic rarissime…

Cela ne vous rappelle rien ? L'année dernière, fin février, plusieurs média ont relayé l'information quand un numéro 1 d'"Action Comics" (le premier comic dans lequel est apparu Superman) a été vendu 1 million de dollars. Une somme colossale pour une revue dont le prix d'origine était de 10 cents… Mais revenons à ce roman, qui a d'ailleurs été écrit avant cette transaction incroyable, qui, même si évidemment elle n'était pas la première, est en tout cas une des plus extravagante.

Non, Swap n'est pas vraiment un roman pour les adeptes de comics. Et si le postulat de départ de cette histoire le laisse envisager, le reste du récit ne le confirme pas.

Harvey, le personnage principal, est décrit comme un stéréotype du "geek" (une petite bedaine due au manque d'activités sportives, un physique négligé, des difficultés avec les femmes, un monde qu'il s'est créé au milieu des BD de sa boutique…), une fois passé ces clichés, nous constatons en réalité qu'Harvey n'est pas le plus puriste des "comic geek".

Car même si son obsession concerne le Superman numéro un et qu'il rêve d'aller s'installer à New York ouvrir un coffee house décoré aux couleurs des super-héros, l'intégralité du reste de l'histoire ne fait que très peu d'allusions à cette passion et le personnage lui-même fait bien plus souvent référence à des rock stars ou à des personnages de films, qu'à n'importe lequel de ses héros de papier (il aurait pourtant été facile de le comparer à ce looser de Peter Parker, ou dans certains cas à un Bruce Banner en détresse, sur le point d'exploser…).

En réalité le Superman numéro un aurait pu être n'importe quel autre objet ayant pris de la valeur avec le temps (un vinyle, un timbre ou je ne sais quel autre objet de collectionneur…). La suite de l'histoire se constitue essentiellement en une sorte de thriller (teinté d'une gentille romance qui ne fait qu'accentuer l'inexpérience d'Harvey) construit sur la bêtise de son personnage principal.

Swap n'est pas un mauvais roman, il se lit même très bien. Le personnage d'Harvey est suffisamment bête, lâche et parfois même abjecte pour que l'on est envie de le voir se vautrer davantage. Mais au final l'intrigue basée sur le fameux comic est vraiment très faible. A lire donc si vous aimez les anti-héros poursuivis par une enfance qu'ils n'ont jamais réellement abandonné, mais n'en attendez pas une référence en matière de neuvième art américain, vous seriez déçus.



Swap - Antony Moore - Editeur : Liana Levi 


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