Ralph Azham - Lewis Trondheim
Cela faisait quelques mois que j’attendais cette nouvelle série, prépubliée dans Spirou magazine. En grand fan de Lapinot et de Donjon, dont je vous parlerai volontiers un de ces jours, j’étais très curieux de voir Lewis Trondheim se frotter à nouveau à un type de récit dans lequel il a excellé, entre héroic fantasy, humour et tranche de vie. Je vous avoue avoir été un peu déçu…
Ralph Azham est un peu le pestiféré de son village. On le conspue, on lui refile toutes les tâches ingrates, on le tient à l’écart des « bonnes gens ».
Pourtant, enfant, on le destinait à un glorieux avenir : détenteur d’un don peu conventionnel, celui de deviner les naissances et les morts, on pressentait en lui l’Elu que tout le monde attendait. Mais l’Oracle ne le reconnaîtra pas.
Un raté donc. Mais le jour où la Horde, cette bande de soldats sans foi ni loi qui terrorise le village, revient une nouvelle fois pour piller les récoltes, Ralph sera le seul à leur tenir tête. Moment fondateur, il va s’affirmer et commencer à en apprendre un peu plus sur son passé, et les zones d’ombres sont nombreuses…
Ce premier tome rappelle à de nombreux égards les œuvres précédentes de Trondheim, et en particulier la figure du héros. Ralph Azham fait évidemment penser à Herbert (personnage central de Donjon) ; ils partagent ce côté anti-héros, paria, un peu tête-à-claque, pas tout à fait humaniste. L’humour, même si l’univers n’est pas vraiment gai, est omniprésent et reste un des ressorts de nombreuses situations. Le scénario, en jouant sur les flashbacks, recherche une dynamique mais peine quand même à convaincre, la faute à un univers assez pauvre pour le moment.
Et c’est globalement cette sensation qui émerge à la lecture du premier tome. Les ingrédients essentiels sont là, mais ils ne suffisent pas à interpeler. De surcroît, pour les lecteurs habituels de Trondheim, ils ne surprennent plus du tout. J’ai trouvé le dessin également en deçà de ce qu’on pouvait attendre, moins soigné qu’à l’habitude même si le talent est toujours présent. La colorisation, qui relève d’un vrai parti pris, m’a semblé bien fade en comparaison du travail effectué sur les précédentes séries.
Une demi-déception donc pour ce premier tome de Ralph Azham. Demi seulement car on a toujours tendance à attendre énormément des auteurs que l’on chérit, avec le risque d’être plus dur qu’avec les autres. Cependant, l’ensemble reste tout de même assez pauvre, tant au niveau du scénario que du dessin. Mais nul doute que Lewis Trondheim, en bon conteur qu’il est, saura agrémenter son univers et lui donner une véritable envergure par la suite.
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