Ghost - Andrea Mutti / Diego Cajelli

Le label Hostile Holster d’Ankama continue de proposer des titres durs et racés, pour preuve ce mois-ci Ghost d’Andrea Mutti et Diego Cajelli. Thriller, hard boiled, surnaturel, Ghost mêle différentes influences pour une histoire concise et efficace. Un bon one-shot.

Ghost, c’est le surnom d’un privé à la dérive, John Ghostman. Enfin, le surnom qu’il portait au faîte de sa gloire, lorsqu’il était encore un profiler d’élite au sein du FBI, avant un déclin prévisible. C’est la mort d’un enfant, victime d’un tueur en série,  qui lui fera abandonner sa carrière. Un dommage collatéral qui le hante depuis.

Ghost c’est aussi ce mot écrit avec le sang d’une victime sur un mur. Le tueur en série dénommé « cisaille » l’appelle : « Where are you Ghost ? ». C’est sur la demande de son ancien coéquipier que John va reprendre du service, entre visions hallucinées et quête de cet ennemi aux contours flous.

On connaissait surtout Mutti pour ses séries Nero, Section financière et le Syndrome de Caïn, des grands standards pas désagréables mais pas inoubliables non plus. Le retrouver avec ce titre un peu hors parcours est une bonne surprise.

Le scénario de Ghost n’a rien d’étonnant, il puise dans le corpus du hard boiled, privé à la dérive aux prises avec ses démons, ville fantomatique, pluie et crasse, traîtrise et voix off. Mais ce classicisme, outre qu’il soit bien assumé, est ici servi par un parti pris graphique osé et ambitieux. Mutti mélange les techniques, oscille constamment entre lignes bien définies et flous omniprésents, utilise l’ombre à outrance,… En clair, c’est bien le dessin qui donne tout son intérêt au titre.

On pense bien sûr à des influences américaines, univers à la Miller ou des films comme Seven. Ce côté américain est d’ailleurs renforcé par une utilisation très « comics » des onomatopées et par le format réussi de la collection. A noter tout de même, comme c’était le cas pour Blue Estate, que la postface n’apporte pas grand-chose et aurait pu être absente. Cette tendance au verbiage desserre les œuvres.

Andrea Mutti séduit avec ce thriller, assez anodin dans son propos mais diablement bien mis en images. Ce privé, pas tout à fait revenu de son enfer personnel, replonge dans le désordre du monde pour un court moment ; le temps de régler quelques comptes et de retourner à ses démons.



Scénario : Andrea Mutti - Dessins : Andrea Mutti - Diego Cajelli 
Editeur : Ankama - Collection Hostile Holster - Récit complet.




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