Les petites gens - Campi / Zabus


Les petites gens nous font entrer un peu plus de 24 heures dans la vie de gens ordinaires. Mais ce n'est pas parce qu'ils sont ordinaires qu'ils n'ont rien à raconter, bien au contraire. Au fond d'eux se cachent des blessures, des tourments, qu'ils vont tenter, de cicatriser, d'exorciser, chacun à leur manière, mais toujours en s'entraidant.

Dans cette rue un peu étroite, où se font face deux immeubles, des habitants se croisent jours après jours. 

Certains se connaissent et se parlent, d'autres s'ignorent, parfois ils n'osent tout simplement pas s'aborder, sans que cela ne soit l'envie qui manque. Les six personnages que nous allons suivre ont chacun quelque chose à nous apprendre. Sur un peu plus de 70 pages leurs peines et leurs joies deviennent les nôtres, par la force de l'empathie.

Il y a cette vieille dame, si petite et âgée que les gens ne la voient même plus. Ce monsieur et son fils qui subissent une grande douleur et s'enferment dans leur chagrin. Ce vieil homme, qui prête avec plaisir ses bouquins à tout le quartier afin de distraire ses voisins. Cet autre monsieur qui travaille aux objets trouvés des chemins de fer et n'en peut plus de la bonne humeur constante qu'affiche un de ses collègues. Et cette femme aux longs cheveux gris, qui semble si épanouie...

Tout le monde ressent le besoin d'exister, pour soi-même et pour autrui, même la personne qui pourrait nous sembler la plus insignifiante qu'il soit. Nous sommes parfois tellement préoccupé par nos soucis que nous pourrions avoir tendance à l'oublier. Une personne est semblable à toutes les autres, on peut la croiser tous les jours sans jamais lui prêter la moindre attention. Mais si l'on prend le temps de l'écouter, que l'on essaye de la comprendre, elle deviendra unique à nos yeux et dévoilera de nombreux trésors.

C'est tout en finesse que s'installe la proximité. Loin d'être moralisateur, le récit de Vincent Zabus nous offre des passages d'une humanité à fleur de peau. Le dessin de l'italien Thomas Campi est, à l'image des mots, très émouvant. Chacun des personnages dégage quelque chose, que cela soit la tristesse, la plénitude, l'amour, l'inquiétude…  Au final peu bavard, cet album s'exprime surtout au travers de tous ces visages remplis d'émotions.

A l'instar de ces films qu'on appelle "Feel-good movies", les petites gens est ce genre de BD que l'on referme en se sentant plus léger, heureux, reconnaissant.



Scénario : Vincent Zabus - Dessins : Thomas Campi 
Editeur : Le Lombard - Collection Autre regard - Récit complet.  




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