Medina - Dufaux / Elghorri

Les humains ne sont plus qu’une poignée, regroupés dans la dernière poche de résistance, Medina. Face à eux, des monstruosités, les Drax, sortes d’aliens en constante évolution. Personne ne sait ce qui s’est réellement passé, évolution génétique anarchique, catastrophe bactériologique ou fatalité.

La cité et son bouclier mal en point ne tiendront plus longtemps. Multipliant les missions-suicide, les Hommes parviennent à intercepter un « colis » des Drax qui pourrait bien changer la face du conflit. 

Et s’ils étaient conscients de son importance, ils n’avaient aucune idée de son contenu : Hadron, une jeune humaine enlevé par les Drax, serait donc cet hapax symbole d’espoir. Dans un mélange de religiosité, de mythes et de chocs des civilisations, la survie est en marche.

Premier volet du triptyque de Jean Dufaux et de Yacine Elghorri, « Les Drax » constitue une entrée en matière époustouflante dans cet univers post-apocalyptique. Sans aucun temps mort, jouant allègrement sur divers modes narratifs, le scénario nous embarque dans cette course folle pour la survie, n’épargnant aucun détail, aucune émotion, faisant toujours ressortir la complexité de la situation et du rapport à l’autre. Jean Dufaux fait preuve d’une rare maîtrise, réussissant à glisser de nombreuses thématiques et interrogations sans jamais altérer l’action.

Et que dire du dessin de Yacine Elghorri ! Puissant, vif, il possède en sus ce charme quelque peu anachronique d’une colorisation typée années 80, dans des tons blafards qui contribuent à esquisser cette atmosphère que l’on imagine viciée. On savoure également ces onomatopées qui explosent sur la page, ces « KRRRNK » et « BRATATATATA » dont on avait oublié à quel point ils participaient à l’essence même de la bande dessinée. Vu son parcours de storyboarder et ses activités hollywoodiennes, ce serait un poncif de parler de références cinématographiques. Certes, on pourra retrouver du Alien et du Starship Troopers dans les Drax et dans certains plans, mais il semble au final que Yacine Elghorri se pose davantage en défenseur d’un héritage de la bande dessinée SF qu’en simple adaptateur d’imageries contemporaines.

Fruit d’une collaboration détonante, ce premier tome de Medina laisse sans voix par son rythme effréné, la qualité de ses dessins et la finesse de son scénario. Si le point de départ est en apparence on ne peut plus simple (humains contre menace alien), le récit nous embarque vers des territoires plus subtils, plus dérangeants, où tout se mélange, se trouble, religion et science, désir de connaissance et refus de l’autre, survie et abandon. Jean Dufaux et Yacine Elghorri réalisent la synthèse entre héritage et modernité, action et réflexion, et un magnifique plaidoyer pour la bande dessinée de genre.


Scénario : Jean Dufaux - Dessins : Yacine Elghorri - Editeur : Le Lombard - Série en cours - Tome 1/3.  


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