Des dieux et des hommes 2 : Entre chiens et loups

« La fin du commencement », premier opus de la série de Jean-Pierre Dionnet, posait les bases de cet univers uchronique ambitieux qu’est Des dieux et des hommes. 66 dieux naquirent en 1929 le long de la route 66, changeant le cours de l’histoire. Nous avions pu découvrir Le seigneur des mouches, las de tout en 2047. Ce second volet nous ramène dans les années 70, en pleine vague hippie, sur les traces de Lilith.

Dans un motel isolé de la route 66, un homme écrit à sa femme. Il la quitte. Pas pour une autre, enfin pas exactement. Une femme lui a prédit que Lilith l’attendait, qu’il devait la rejoindre. Lilith, « la déesse des hommes, la mère de l’évolution».

Son voyage le mènera au beau milieu du désert, dans une communauté aux accents hippies, mais extrêmement régentée. Lilith est un guide pour ses sujets, ses paroles ont valeur de vérité. Mais est-elle déesse pour autant, ou simple gourou ? La Reine de la nuit a son avis sur le sujet…

Avec ce deuxième tome, on commence à voir ce que Jean-Pierre Dionnet avait en tête en imaginant cette série. L’idée n’était pas d’en faire une histoire linéaire, mais une œuvre multiple, chorale, faite d’instantanés, d’ellipses, de doutes. Je ne pense pas qu’il y aura dans ce projet dantesque de véritable intrigue. Une simple histoire d’un monde, celui où les dieux se mêlent aux hommes et en arrivent à un ennui profond.

Tout concourt à faire de cet univers un prolongement des croyances humaines, en particulier le choix des divinités et les notes de fin de tome. Le Seigneur des mouches (Belzebuth), Lilith, première femme et première démone, chaque personnage nous appelle à nous documenter pour saisir toutes les subtilités du récit. Les addenda, faux articles de journaux, illustrations « d’époque », tendent quant à eux à gommer les frontières entre réalité et fiction, en plus d’étoffer ces chroniques d’un autre monde.

Le dessin de Baldazzini et Mastantuono m’a moins emballé que celui de Laurent Theureau, plus engagé, plus ambitieux. Reste que le choix est judicieux car il fait sens : faire appel à un tenant de la bande dessinée érotique pour lui confier la représentation de Lilith, figure de l’appétit sexuel et de l’intelligence, cela coule de source.

Entre chiens et loups confirme la bonne impression que nous avait fait le premier tome des dieux et des hommes. La réinterprétation de la libération des mœurs dans l’Amérique des années 70 fait écho à notre réalité, l’enrichit. Une grande poésie se dégage de l’ensemble, un sentiment contemplatif. Une grande fresque est en train de s’écrire.



Scénario : Jean-Pierre Dionnet - Dessins : Baldazzini / Mastantuono - Editeur : Dargaud 
Série en cours - 2 tomes.  



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