Pluto - Urasawa / Tezuka : La fin


Ça y est. La fin tant attendue de Pluto est sortie avec son huitième et dernier tome, comportant son lot de réponses mais également d'émotions. Le final se révèle en fait fort politique (depuis le cinquième tome la série a accentué cet aspect) et très humaniste. Urasawa ne trahit pas l'essence de l'oeuvre de Tezuka et restitue les principaux messages que le maître faisait passer via son célèbre robot.

Retour sur quelques-uns des moments forts de la série et impression générale.




L'étude des robots et de leur psychologie

Depuis le premier tome nous suivons une étude assez approfondie de la psychologie des robots : L'histoire de North 2 particulièrement émouvante, l'empathie d'Astro envers les gens qu'il croise et les premières larmes que nous voyons couler sur son visage, le besoin qu'ont certains robots de fonder une famille et d'avoir des enfants comme Brando, le ressentiment d'Uran vis-a-vis de la souffrance, le sens du devoir et du sacrifice d'Hercule, le pacifique Epsilon

Beaucoup de thèmes chers à la science-fiction, largement développés chez des auteurs tels qu'Asimov ou encore K. Dick et formidablement utilisés ici, proposant un panel d'émotions et de psychologies très fouillés. Ce sont d'ailleurs ces émotions qui seront la clé du dénouement de cette intrigue aux enjeux politiques internationaux.

L'aspect politique

La série nous replace dans un contexte qui n'est pas sans rappeler certains événements historiques plus ou moins récents. La recherche d'armes de destructions massives, la secte anti-robot, la mégalomanie d'êtres emplis de haine et désirant l'extinction d'une espèce…

Tous ces éléments constituent la base de l'intrigue et s'entremêlent comme dans les meilleurs thrillers. Les retournements sont nombreux et les personnalités tellement complexes qu'elles comportent de nombreuses facettes.

La technologie au service de l'homme…

Comme ils remplacent les humains pour les tâches ingrates et rébarbatives, les robots servent aussi de substitut. Les deux passages les plus touchants à ce sujet sont certainement celui du professeur Ochanomizu réparant un chien robot retrouvé endommagé et surtout le transfert d'affection du professeur Tenma envers Astro, fidèle réplique de son petit garçon décédé.

C'est au travers des scientifiques, les hommes les plus enclins à comprendre la psychologie de leurs créatures, que nous abordons certains des thèmes les plus profonds.

…peut aussi devenir sa plus grande menace

Pluto, nous le savons depuis longtemps maintenant, est un robot à la puissance phénoménale qui a réussi à éliminer certains des robots les plus forts du monde. En inculquant aux robots des émotions fortes, leurs créateurs réussissent également à en faire des armes redoutables. Et aucun d'entre eux n'est à l'abri d'une manipulation de sa mémoire…


Astro, un personnage mature et touchant

C'est le choix que devra faire Astro, réanimé par le professeur Tenma et devenu seul espoir devant une menace tellement grandissante qu'elle risque bien d'exterminer l'intégralité des êtres vivants sur terre.

Il est amusant de constater que c'est au travers d'un robot enfant que Tezuka (et ici Urasawa) nous transmet les messages les plus matures et réfléchis. Fidèle à ses convictions jusqu'au bout, le petit robot délivrera un message d'amour et de paix tout à fait touchant, ainsi qu'un magnifique hommage à ses amis robots disparus.

Le final

La fin de la série, qui à un moment nous laisse dans le doute sur les événements qui risquent de se produire, se dessine lors d'une scène faisant le parallèle avec la première rencontre entre Astro et Gesicht, sous la pluie avec l'escargot.

Au final les aspects politiques de guerre et de pouvoirs n'auront servis que de canaliseur vers une histoire très sensible. Une magnifique leçon d'humanité…servie par des êtres mécaniques…



Lire les chroniques des autres tomes.


Scénario : Osamu Tezuka / Naoki Urasawa- Dessins : Naoki Urasawa
Editeur : Kana - Collection Big Kana - Série terminée - 8 tomes.
© PLUTO volume 1 by Naoki URASAWA / Studio Nuts, Osamu TEZUKA,
Takashi NAGASAKI, Tezuka Productions



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