Blue Estate - Viktor Kalvachev

Le label Hostile Holster, inauguré par Ankama avec le très bon We are the night, se développe en cette rentrée avec l’arrivée de deux nouveaux titres. Blue Estate, polar créé par Viktor Kalvachev, n’a pas manqué d’intriguer avec sa couv’ plus que suggestive… tentons donc une petite plongée dans les bas-fonds.

Bienvenue à Hollywood, son luxe, ses stars, ses paillettes. Enfin, en l’occurrence, ici c’est plutôt l’Hollywood des carrières foirées, des poufs cocaïnomanes et des mafieux notoires. La crasse sous le tapis rouge.

Roy Devine Jr, privé à la manque et fils d’un superflic de la LAPD, se lance sur l’enquête de sa vie. Engagé par Rachel Maddox, starlette sur le retour, pour faire la lumière sur les agissements douteux de son mari, le célèbre Bruce Maddox. Cet ersatz de Steven Seagal, volontiers violent, fraye en effet avec de bien peu recommandables poissons. Il y a du rital, du ruskov, mais dans tous les cas on les imagine sans mal dans les Little (Italy ou Odessa au choix). Pas sûr que Junior ait les épaules pour ça…

Viktor Kalvachev, déjà à l’œuvre sur DMZ, se fait ici un plaisir façon Tarantino et Rodriguez en lançant ce polar noir, évident hommage aux pulps. Rien ne manque, le privé, les bimbos, les truands, la population interlope nocturne. Dans ce tome, regroupant les quatre premiers volumes, le scénario se met en place sûrement, les scènes s’enchaînent et se recoupent ; on comprend vite que chacun est lié dans cette affaire dont on ne comprend pas encore tous les enjeux.

Contrairement au classicisme du scénario, la partie graphique est assez surprenante : on pouvait s’attendre (c’était mon cas) à une stylisation à outrance, or les trois dessinateurs (Tony Cypress, Nathan Fox et Robert Valley) proposent tous un dessin nerveux, expressif, en parfait accord avec l’atmosphère décrite.

Seul petit hic, qui ne reflète ici qu’un avis très personnel : à force de trop rechercher l’hommage et le clin d’œil, on perd un peu en crédibilité. L’introduction « Comment lire Blue Estate ? », rédigée par le personnage principal Bruce Maddox, est à mon sens une faute de goût.

Un bon premier volume donc, qui possède un charme un peu voyou et marche la tête haute. Rien de révolutionnaire, mais une intrigue efficace et des personnages bien campés. En espérant que la suite laissera de côté les quelques « poses » remarquées ici ou là ; Blue Estate ne s’en portera que mieux.



Scénario : Kosta Yanev et Andrew Osborne - Dessins : Viktor Kalvachev - Editeur : Ankama - Collection Hostile Holster - Série en cours - 1 tome.



 

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