Billy Bat - Naoki Urasawa
Un nouvel Urasawa est toujours un évènement en soi. Avant même de se demander de quoi cela va bien pouvoir parler, on sait que l’on va le lire. Certes, certains n’accrochent pas toujours, mais ses œuvres sont sans nul doute parmi les must du genre. Avec Billy Bat, on retrouve d’ailleurs d’entrée cette marque de fabrique faite d’intrigues à tiroirs, de visages mélancoliques et d’intérêts supérieurs.
L’histoire démarre dans l’Amérique des années 40 avec un certain Kevin Yamagata, dessinateur de comics de son état. Sa série, Billy Bat, a plutôt le vent en poupe. Il y raconte les aventures d’une chauve-souris détective, dans le pur style noir, avec belle à sauver, malfrats, etc.
Un soir, alors qu’il est en train de mettre la dernière touche à un de ses comics, deux policiers frappent à sa porte. Ils cherchent à trouver la meilleure planque pour surveiller un probable espion communiste.
Jetant un œil sur son travail en cours, l’un des deux s’étonne alors d’y reconnaître le personnage de Billy Bat. Rien d’incroyable étant donné sa popularité croissante ? Et bien si, car il est persuadé de l’avoir vu au Japon, alors que l’œuvre n’y est bien évidemment pas traduite. Kevin décide alors de se rendre au Japon vérifier cela, et le cas échéant demander l’autorisation de l’auteur afin d’utiliser son personnage. Mais dès son arrivée il va se retrouver pris dans une série de meurtres et de complots, sur lesquels planera sans cesse l’ombre de la chauve-souris…
Il y a quelque chose de rassurant dans ces deux premiers tomes ; on y retrouve ce graphisme reconnaissable entre mille, cette approche scénaristique particulière qui aime s’attacher aux quidams et ces multiples indices laissés ça et là pour se triturer les méninges. Pour schématiser on dira que c’est du Urasawa. Et c’est peut-être ce que l’on recherche à chaque fois, comme une madeleine de Proust, cette sensation nouvelle apparue à la lecture de Monster ou 20th century boys, c’est selon.
Seulement il y a toujours un risque à cette familiarité avec un univers, et j’ai un peu eu l’impression de m’approcher doucement de cette lassitude face au trop attendu. Non pas que je discerne quoi que soit aux enjeux de l’intrigue (je ne vous mentirai pas !), mais c’est justement cette absence de certitude qui commence à devenir redondante. En clair, pour original que soit le sujet, il me semble que Naoki Urasawa lui applique une recette qu’il maîtrise certes sur le bout des doigts, mais que nous commençons nous aussi à connaître par cœur.
Ne soyons pas bégueule, le démarrage de l’histoire reste qualitatif, et nul doute que les aficionados et les novices y trouveront leur compte. On espère cependant que la suite avancera assez vite, sous peine de perdre définitivement le fil de ce nouvel opus.
Scénario : Naoki Urasawa & Takashi Nagasaki - Dessins : Naoki Urasawa
Editeur :Pika - Série en cours - 2 tomes.
© 2009 NAOKI URASAWA/Studio Nuts, TAKASHI NAGASAKI/KODANSHA
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