Blast tome 3 - Manu Larcenet
Après l'avoir entendu faire de graves révélations sur l'hiver qu'il a vécu avec "Saint Jacky", les deux flics qui interrogent Polza ont peur qu'il entre dans un mutisme ne faisant plus guère avancer leur enquête. Mais contre toute attente, Mancini continu son récit…
Avant d'entamer la lecture de ce très attendu 3ème tome de Blast, je voulais absolument relire les deux précédents, afin de m'immerger complètement dans l'ambiance.
Est-ce parce que je connaissais déjà la suite des événements ? Cette relecture s'est avérée aussi forte que presque désagréable tant la lourdeur était angoissante. Les mots frappent comme des coups de poings, ils ont une telle résonance que l'on en arrive sans peine à ressentir très profondément le malaise de ce personnage principal si complexe et torturé.
Le début de ce troisième album opère un changement de rythme dans la narration. Là où nous avions précédemment de nombreuses pages de contemplation, sans que cela ne vienne perturber la cadence, nous nous retrouvons ici à trouver certaines lenteurs. Il ne se passe pas grand chose, mais c'est en réalité le calme avant la tempête, comme pour mieux nous surprendre alors que nous aurions baissé notre garde.
L'un des grands thèmes de la série, les conditionnements que nous impose notre société aussi bien sur notre apparence que sur le politiquement correct, reviens une fois de plus au détour d'une scène plutôt amusante. Mais ces notions d'esthétique et de marginalisation ne sont pas les seuls thèmes abordés. Il y a ici toutes les abominations humaines, méprisables et justifiant toute la misanthropie qui se dégage du scénario.
Nous le savons depuis "Grasse Carcasse", l'histoire de Polza sera douloureuse et violente. Mais avec "La tête la première", Larcenet pousse à son paroxysme les souffrances qu'un être humain peut vivre. Est-ce pour le punir des atrocités qu'il a apparemment commises ? Pour nous donner envie de le prendre en pitié et donc en sympathie ? Pour nous faire comprendre qu'une personnalité est toujours toute en nuances et que rien n'est jamais simple?
Jamais je n'avais attendu la fin d'une histoire avec tant d'appréhensions. Nous fouillons ici dans ce que l'âme humaine a de plus sombre, de plus complexe et surtout de plus effrayant, de façon crue, sans détours et l'on s'en prend plein la figure. L'escalade de violence a été jusqu'ici plus ou moins progressive, le final risque d'être brutal.
Scénario & Dessins : Manu Larcenet - Editeur : Dargaud - Série en cours - 3 tomes.
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