WIZZYWIG : Portrait d’un hacker en série

Les férus d’informatiques ne pourront pas passer à côté de ce titre sans y prêter un peu d’attention. Et pas seulement à cause du mot « Hacker », car WIZZYWIG est la déformation de  WYSIWYG, l’acronyme de « What you see is what you get ». Et ils ne s’y tromperont pas. Ce gros roman graphique d'Ed Piskor se veut instructif sur cette communauté et sur les enjeux politiques qu’ils peuvent représenter dans certains cas, mais c’est avant tout à ces mêmes passionnés qu’il parlera, ces derniers étant plus à même d’en comprendre les nombreuses références. 

Le bouquin est épais et construit par un tas de courts chapitres qui nous plongent dans les débuts du hacking, au travers du personnage fictif de Kevin Phenicle, imaginé à partir de plusieurs histoires de vrais hackers. Et les débuts, à l’époque, commencent avant tout par le piratage des lignes téléphoniques, avec la fameuse Blue Box, des allusions « aux deux Steve » (Jobs et Wozniak), au film WarGames et de plein de ces petites anecdotes qui ont fait l’informatique des années 80.

Toujours avide de résoudre de nouvelles énigmes et d’aller plus loin dans l’utilisation qu’il peut tirer de ses connaissances et outils, le jeune Kevin Phenicle commettra tout un tas de choses plus ou moins répréhensibles, mais qui inquiéteront suffisamment le gouvernement pour en faire un ennemi d’état et l’appréhender. S’en suit alors un discours plus politique que nerd, à l’occasion de l’emprisonnement de Kevin, qui passera des années à attendre un procès.


Plusieurs chapitres font aussi écho à tous ces clichés et idées préconçues que peuvent avoir les personnes novices vis-à-vis des hackers. La paranoïa est bien présente et les médias en font leurs choux gras. Si le découpage en petits chapitres permet une lecture fractionnée qui n’est pas déplaisante, en particulier lors de certaines anecdotes comme le piratage des lignes téléphoniques pour gagner à tous les coups aux jeux radiophoniques, il impose également un rythme un peu lent, certains chapitres étant clairement dispensables.

Wizzywig se présente comme une sorte de documentaire sur comment un jeune petit génie de l’informatique finira par effrayer gouvernement, média et opinion publique. Il démontre également l’obsession des plus grands de faire taire et cesser d’agir ce genre d’agitateur. Ed Piskor ne les défend pas, mais il les dédiabolise et interpelle surtout sur le côté excessif des peines encourues par rapport à certaines pratiques qui paraissent au départ tout à fait anodines et qui n’étaient pas destinées à nuire.



Scénario & Dessins : Ed Piskor - Editeur : Dargaud - One shot.  




Vous avez aimé cette chronique ? Pensez à vous inscrire à la newsletter et/ou au flux RSS pour être informé des prochaines publications.