L’ART INVISIBLE - SCOTT McCLOUD - Part 3

Exprimer des sensations par la ligne
 
La BD est un art de l’invisible parce qu’elle sollicite tous nos sens par le biais d’un seul qui est la vue. Pour cela elle utilise des métaphores visuelles, comme par exemple des ondulations au dessus d’une pipe pour faire comprendre qu’elle est allumée. Ce qui est intéressant c’est que ce même code peut être repris pour une odeur désagréable. Une poubelle sentant mauvais aura ces mêmes ondulations au-dessus d’elle (avec en plus quelques mouches très épurées).

On a donc un même symbole qui signifie deux choses : la fumée de la pipe (visible) et l’odeur de la poubelle (invisible). Ça veut dire que les ondulations en elles-mêmes ne veulent rien dire, mais c’est parce qu’elles sont à proximité d’un objet que le cerveau du lecteur fait l’association entre eux et en déduit que c’est de la fumée ou une odeur, il interprète.

La ligne sert également à exprimer des émotions (ceux des personnages). Les traits peuvent être de plusieurs types : dynamique, flou, nerveux… Autant de type qui exprime des sensations différentes qui mettent le lecteur dans un certain état émotif. Utiliser ces lignes dans un arrière plan peut faire en sorte de rendre compte de l’émotion du personnage de la BD (plus saisissante dans un portrait en gros plan).

Ce qui donne lieu à des arrières plans qui ne renvoient donc pas à une réalité (un espace en perspective par exemple) mais qui soient plutôt de l’ordre de l’abstraction. Et comme toute abstraction elle suscite une émotion chez le lecteur mais si l’image seule provoque une émotion, elle est désorganisée. C’est le texte qui permet de compenser cette désorganisation en nommant cette émotion.


La relation entre bande dessinée et l’art

De plus en plus d’expositions sont organisées autour du thème de la BD. On commence à voir ce médium accéder au rang d’art à part entière, avec par exemple l’exposition « VRAOUM !! » à la Maison Rouge en 2011 ou avec la biennale d’art contemporain du Havre en 2010 qui avait pour thème la relation entre la bande dessinée et l’art contemporain.

Des dessinateurs professionnels commencent à exposer et à organiser des maisons d’artistes. L’illustrateur Remi Malingrëy par exemple a pensé des formes plastiques en y incluant son univers graphique pour l’exposition MAC en 2009.

La bande dessinée étant un terrain justement peu exploré par les artistes, il n’en faut pas plus à ces derniers pour voir en ce média un moyen de créer de nouvelles formes artistiques et par la même occasion, de remettre le pop art sur le devant de la scène artistique.


Cet article est rédigé par Roy Pallas, auteur du blog le dessin


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