Guide : découvrir les éditions Image Comics
Dans la lignée des guides pour débuter en comics Marvel ou DC Comics, j'ai demandé à mon ami El Loko de partager son savoir avec nous au sujet d'Image Comics, cet éditeur américain trop souvent oublié dans l'ombre des deux maisons précitées.
Voici donc, dans les grandes lignes, l'historique de cette maison d'édition un peu particulière, ainsi que la présentation de ses plus grands titres et auteurs.
Bienvenue dans l’univers complexe d’Images Comics.
Lorsqu’en 1992, 7 mercenaires du crayon (Todd Mc Farlane, Rob Liefeld, Erik Larsen, Jim Lee, Marc Silvestri, Whilce Portacio et Jim Valentino) décident de voler de leurs propres ailes dans l’univers des comics, c’est une explosion de création qui s’en suit. Très vite, Images Comics devient le troisième éditeur de comics au monde et plus de 15 ans plus tard, malgré plusieurs crises, des séparations, des retrouvailles,… Images Comics maintient son intention originelle : Laisser les pleins pouvoirs aux créateurs sur leurs œuvres.
A côté des vedettes de la première heure, de nouvelles stars sont apparues et c’est dans un catalogue fourni et complexe que j’ai effectué un rapide classement personnel et non exhaustif pour guider les plus courageux en dehors des univers DC et MARVEL.
Pour les puristes, je tiens à préciser que j’ai volontairement fait abstraction des séries ayant été publiées chez Cliffhanger par Wildstorm productions, propriété de DC comics.
Les Papys font de la résistance
Des séries des origines, seuls SPAWN de Todd Mc Farlane et SAVAGE DRAGON de Erik Larsen ont eu une carrière longue et prolifique.
SPAWN : le «bébé» de Mc Farlane qui va allègrement vers ses 20 ans d’existence, mérite le respect. Pour les non initiés, Al Simmons, agent «tueur» du gouvernement, est trahi par son chef et se retrouve dans le 8èm cercle des Enfers où il passe un pacte avec Malebogia, maître des lieux : Son âme contre la possibilité de revenir sur Terre voir sa femme, Wanda.
Voilà, le gros de l’affaire pour les détails je vous recommande fortement les rééditions chez Delcourt dans la collection Contrebande, en sachant que l’univers Spawn est des plus complets et intéressants (avec de nombreuses séries dérivées) malgré un léger passage à vide ces dernières années.
SAVAGE DRAGON : rapidement délaissé en France au profit de SPAWN, Delcourt relance le géant vert d’Erik Larsen cette année (collection Contrebande). Là aussi, respect et coup d’œil mérité pour cet humanoïde à tendance reptilienne, amnésique de surcroît, maîtrisant la force et l’humour sans égal. Personnage attachant, il y a un véritable côté dramatique dans les aventures de DRAGON, notamment dans l’aspect relationnel avec l’humanité, pouvant rappeler les aventures du plus connu des kryptoniens.
La Marque TOP COW
Filiale la plus prolifique et la plus durable d’Images Comics grâce notamment à son fondateur Marc Silvestri, il serait injuste de ne pas citer quelques unes des séries phares dans ce petit guide
WITCHBLADE : Marc Silvestri imposera le style Top Cow avec cette série et son équivalence au masculin THE DARKNESS. Ainsi l’officier de Police Sara Pezzini devient la détentrice d’un pouvoir divin pour lutter contre le mal sous la forme d’un gant la Witchblade (porté par Jeanne d’Arc entre autres)
THE DARKNESS : le truand mafieux, Jackie Estacado, quant à lui, découvre le soir de ses 21 ans, qu’il est l’héritier d’une force maléfique, quasi incontrôlable. Seul problème : cette malédiction ne prend fin qu’avec la mort de l’hôte, lorsqu’il se reproduit. Or Estacado est assez porté sur la chose. Dilemme quand tu nous tiens.
Ces deux séries plus adultes, que l’on retrouve aux éditions U.S.A., (Delcourt pour THE DARKNESS en plus), abandonnent le héros costumé au profit d’un aspect plus fantastique, mystique, voire religieux dans certains cas.
Ainsi THE MAGDALENA, personnage directement rattaché aux séries précédentes, est une nonne ninja défendant des principes très catholiques à l’arme blanche. Il existe même un crossover avec DAREDEVIL (tout un symbole). Cette série, pour les chineurs de petites bulles, est à découvrir avec de superbes dessins de Joe Benitez.
Un esprit de groupes
La plupart des fondateurs d’Images Comics ayant fait leur réputation chez MARVEL en travaillant sur des groupes de supers héros (notamment les X Men), il est logique de retrouver une multitude de séries introduisant cette idée (CYBERFORCE, WILDCATS, YOUNGBLOOD…).
Pour ma part, hormis HUNTER KILLER qui a déjà fait l’objet d’un papier par Miss Ginie, je vous conseille la suivante même si vous aurez du mal à vous la procurer :
GEN 13 : où l’univers X revisité par Jim Lee et J. Scott Campbell. Des adolescents, enfermés par le gouvernement dans un établissement carcéral particulier, réalisent qu’ils ont des supers pouvoirs et décident de s’en échapper. Commence alors une chasse au métahumain qui aura un certain succès, mais pas assez pour survivre aux péripéties éditoriales (même si un projet de retour de l’équipe originelle est en cours). On peut rattacher à GEN 13, la série DV8 (avec à la baguette Warren Ellis et au pinceau Humberto Ramos) qui était en quelque sorte, l’équivalent de GEN 13 mais du côté obscur de la Force.
Surf sur la vague manga
Petite particularité pour Images Comics, avant l’avènement du manga, trois séries ont été publiés vers 2000, uniquement en séries mensuelles, dans un style très japanisé sous la houlette de Pat Lee. Elles ont un petit intérêt si l’on est comme moi, un curieux du comic, d’autant plus que chacune d’entre elle reprend, comme idée de base, des classiques de la BD asiatique :
DARKMINDS s’inspire de GHOST IN THE SHELL;
NEON CYBER nous rappelle la violence et les bandes de jeunes dans AKIRA;
WARLANDS reprend les grandes lignes des CHRONIQUES DE LA GUERRE DE LODOSS.
Vous prendrez bien une licence ?
Autre particularisme d’Images Comics, la publication de comics sous licence notamment outre atlantique (G.I. JOE, MASTERS OF THE UNIVERSE, TORTUES NINJA,…). En France, nous aurons droit à un réel succès et à une perle non développée.
TOMB RAIDER où l’on voit se dérouler les aventures de Lara Croft et de sa natte. Les dessins plus que les intrigues vont fidéliser un lectorat à tel point que l’on peut encore retrouver les histoires aux Editions USA.
LA BATAILLE DES PLANETES n’a pas eu cette chance et pourtant rien que les couvertures d’Alex Ross auraient mérité plus d’intérêt pour cette série. Si vous en croisez un exemplaire, feuilletez le, vous aurez un flashback sensoriel (avec sûrement le générique télé dans la tête)
Une mine intarissable pour la Toile
Deux séries d’Images Comics sont absolument à découvrir, d’autant plus quand on sait que les firmes de l’industrie audiovisuelle lorgnent dessus depuis de nombreuses années.
FATHOM, aux éditions U.S.A., nous emmène dans les profondeurs de l’océan. Michael Turner, au style du détail et de la beauté sans égal,nous présente son héroïne, Aspen Matthews, véritable super sirène au milieu d’un conflit extraterrestre aquatique.Cette série recèle une réelle volonté innovante, à tel point que même après le décès de Michael Turner en juin 2008, elle continue d’exister et l’on reparle à nouveau d’une adaptation cinématographique (James Cameron, lui-même, y a longtemps pensé)
THE WALKING DEAD de Robert Kirkman, chez Delcourt, histoire de monde infesté de zombies, où les humains se regroupent pour survivre, est elle aussi en passe de devenir une adaptation audiovisuelle mais pour la télévision. J’ai beaucoup apprécié le début de la saga mais je ne l’ai plus suivi que par les bonnes critiques pour des raisons budgétaires (mes collections étant majoritairement constituées de mensuels en V.F.)
Les choix del Loko
Dans cette galaxie d’étoiles, après un travail sur moi dantesque, j’ai listé un auteur incontournable et 5 séries de la maison Images Comics à vous conseiller fortement
Quand Monsieur « Babylon 5 » se met aux comics
J. Michael Straczynski (dit J.M.S.) fera ses débuts dans les comics, fin 1999, pour Images Comics via Top Cow, sous son propre label «Joe’s Comics». Celui qui prendra les rênes de Spider Man et de Thor chez Marvel beaucoup plus tard, sera le maître d’œuvre de 2 séries, 2 véritables joyaux à découvrir absolument.
RISING STARS, énorme bijou, au passage non achevé pour la parution en V.F., invente le concept d’une pluri-naissance d’enfants dotés de supers pouvoirs dans une même ville où s’est écrasé une météorite. Les «113» seront les héros d’une fresque magnifique sur plus de 60 ans. On ne peut s’empêcher de penser que des séries télé comme «Les 4400» ou «Heroes» ont puisé une partie de leurs idées dans cette aventure. Si vous devez en choisir une, prenez celle là en V.O. pour connaître la fin sinon lançons la pétition pour une réédition complète en français (certains volumes étant encore en vente en Semic Book).
MIDNIGHT NATION : si vous préférez le fantastique aux supers héros, procurez vous cette saga (malheureusement, il faudra aller dans le marché de l’occasion pour la V.F. ou faire appel à un ami comme pour qui veut gagner des millions), deuxième trésor de J.M.S. L’histoire est simple : David Grey, inspecteur de Police,mortellement blessé lors d’une étrange tentative d’interpellation, découvre l’existence d’un monde parallèle, sorte de purgatoire, où certaines personnes ont un an pour se réapproprier leurs âmes errantes, faute de quoi ils deviendront des «walkers», zombies à la solde de Lucifer.
And the winners are…
BONE : comme pour THE WALKING DEAD, c’est une série que j’ai découverte grâce aux bibliothèques et que je ne collectionne pas pour les mêmes raisons. Mais Jeff Smith nous entraîne dans les aventures de Fone Bone avec une telle simplicité qu’il est difficile de décrocher. C’est d’autant plus vrai que ce n’est pas un monde de supers héros et l’on peut facilement y intéresser les plus jeunes. (Chez Delcourt)
SAM ET TWITCH : les Mulder et Scully de l’univers SPAWN. Personnages très attachants, eux aussi sans supers pouvoirs, naviguant aux frontières de l’irréel durant leurs enquêtes que l’on peut suivre chez Delcourt.
ASTRO CITY : véritable choix de fan de comics, là aussi, une série non mensuelle, mais que j’ai souvent dans les mains, petit chef d’œuvre de Kurt Busiek (superbes couvertures d’Alex Ross) qui raconte la vie de tous les jours d’une ville où se mélangent humains et supers Humains. (Chez Semic Book puis Panini Book)
TELLOS : Série héroïco-fantastique avec aux dessins feu Mike Wieringo, qui conte les aventures de trois héros aux origines diverses luttant contre un démon maléfique. Là aussi, vous aurez peut être du mal à vous la procurer mais elle concentre énormément d’éléments qui font de TELLOS un petit chef d’œuvre.
L’avenir d’ Images Comics : THE HAUNT
En V.F. c’est Delcourt qui développe les séries mensuelles en devenir. La toute dernière ayant explosé des records de vente lors de la parution de ses 2 premiers numéros aux States, il faudra néanmoins croiser les doigts pour qu’elle soit publiée régulièrement chez nous.
Pour le reste Images Comics n’est plus très présente dans nos kiosques et librairies.
THE HAUNT : quand on découvre qui est à l’initiative du projet on ne peut que se douter d’un probable succès : Sir Robert Kirkman et Master Todd Mc Farlane. Résultat : 60 000 exemplaires du numéro 1 et rupture de stock pour le suivant.
Pour l’histoire sans rien « spoiler », un soldat, Kurt Kilgore, commando spécial, est exécuté après une mission où il a découvert des expériences menées sur des cobayes humains. Son frère, Daniel, prêtre catholique, se voit posséder par l’âme vengeresse de son frère, faisant de lui une machine à tuer méta humaine. Certes on sent l’influence d’un SPAWN dans les dessins et l’aspect sanglant du personnage. Mais j’ai hâte de découvrir l’évolution de la symbiose entre les deux frères.
Comme conclusion, je tiens à revenir sur le fait que mes choix ont été faits plus par le cœur que par la raison. Ainsi, certaines séries seront introuvables pour le commun des mortels mais elles ont le mérite de vraiment m’avoir marqué en tant que comicophile non puriste (puisque je ne lis que des V.F. certes depuis 30 ans).
Enfin, sachez que derrière ces séries présentées, des dizaines d’autres ont frappé à la porte de ce billet, pour être elles aussi partagées. Mais comme le dit, si bien UATU le Gardien «ceci est une autre histoire… »
El Loko vous salue bien et vous souhaite de bonnes lectures.
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