La traversée du Louvre - David Prudhomme

Septième titre né de la collaboration entre Futuropolis et le musée du Louvre, La traversée du Louvre de David Prudhomme offre un nouveau visage à ce musée, à ses œuvres et à ses visiteurs. Ginie avait beaucoup aimé Le ciel au-dessus du Louvre, de Carrière et Yslaire, j’avais quant à moi eu un gros faible pour Les sous-sols du révolu de Marc-Antoine Mathieu. Et c’est encore le cas avec Prudhomme, dont la finesse me fascine littéralement.

David Prudhomme se met en scène arpentant le musée pour le repérage d’une BD.

Il est accompagné de sa compagne, Jeanne, mais les deux se perdent de vue. Il pourrait utiliser son téléphone (c’est interdit mais tant pis), mais non, ou alors il n’y a pas de réseau. Qu’importe, voilà l’occasion rêvée pour déambuler dans les salles, se perdre dans les départements, capter le bruit du monde.

Tout dans cet album est affaire de mise en abyme. David Prudhomme se mettant en scène en pleines recherches pour l’album qu’on est en train de lire, ces visiteurs qui deviennent aux yeux des autres des éléments des tableaux qu’ils observent, nous-mêmes, lisant ce musée à travers la BD,… Comment raconter le Louvre ? Toute la problématique est là : comment éviter le simple carnet de croquis, comment ne pas partir dans tout autre chose, comment dire sa complexité sous des dehors si accessibles ?

L’amorce choisie, pour basique qu’elle puisse paraître, donne intelligemment le ton : lisons le musée dans sa totalité, comme s’il était une œuvre à part entière : tout prend alors sa place, les œuvres, l’agencement des pièces, les visiteurs, les gardiens,… L’histoire prend ainsi ses aises, avec humour, légèreté, et on se laisse balader.

David Prudhomme choisit ses mots, n’en encombre pas les cases et laisse libre court à sa virtuosité. Si je parle de virtuosité, ce n’est pas seulement parce qu’il dessine admirablement, c’est surtout pour la composition de ses pages et cette appropriation de l’espace, ses cadrages.

La traversée du Louvre est, comment dire ?, un pur plaisir. On suit David Prudhomme, guide d’un genre nouveau, qui réinvente les œuvres en y incluant les visages et les corps de leurs spectateurs, leur donne sens d’un regard amusé. Ces morceaux de vies, ces rencontres parfois cocasses entre béotiens et œuvres, Jean-Jacques Sempé aurait pu les dessiner. On retrouve d’ailleurs chez Prudhomme ce qu’on aime tant chez Sempé : un regard distancé, rieur, mais jamais condescendant.

N’hésitez pas également à aller faire un saut sur son blog, OBOUDUNEZ, vous y trouverez matière à émerveillement.




Scénario & Dessins : David Prudhomme - Editeur : Futuropolis - Récit complet.





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